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répand dans le bassin de la Méditerranée. Partant de ces vérités palpables, la conférence a émis l’avis de fermer l’accès de la Mer-Rouge aux navires suspects jusqu’à ce qu’ils aient purgé une quarantaine jugée suffisante par les hommes de l’art. L’île de Périm (on ne le sait que trop) commande absolument l’entrée de la Mer-Rouge ; elle est située à peu près au milieu du détroit de Bab-el-Mandeb. Ce point d’occupation anglaisé serait le meilleur pour arrêter et interroger les arrivans ; mais que ferait-on des navires qui devraient être retenus, car il ne paraît pas possible de les garder à Périm même, où il n’y a pas d’eau ?

Ici nous suppléerons à l’insuffisance du rapport en indiquant que, sur la côte d’Afrique, indépendamment du territoire français d’Obokh, il existe des localités peuplées et pourvues de toutes les choses nécessaires à la vie. Nous voulons parler de Tadjourah, de Zeïlah et de Berberah. A Tadjourah règne Un cheik ou sultan indépendant fort accessible aux Européens ; nous avons eu affaire avec lui et avec ses parens lors de l’acquisition d’Obokh. La ville de Zeïlah est ancienne : c’était la résidence du célèbre Ahmed le gaucher, qui a tant inquiété les Portugais pendant leur héroïque expédition d’Abyssinie. Cette place est aujourd’hui sous la suzeraineté de la Porte, Berberah est très fréquentée pendant quelques mois. C’est le siège d’une foire annuelle très importante, et il est probable qu’on pourrait organiser pour les pèlerins les mêmes ressources qu’y trouvent les marchands de l’Arabie, du golfe Persique et de Bombay. Ces diverses localités ont été visitées par Rochet d’Héricourt, par Burton et par d’autres voyageurs ; elles ont été l’objet de nombreux rapports adressés au département français de la marine et à celui des affaires étrangères. Au point de vue maritime, on pourra en étudier la valeur dans une publication spéciale de M. l’amiral Fleuriot de Langle, qui a rempli avec succès, il y a quelques années, une mission difficile dans ces parages à la suite de l’assassinat d’un vice-consul français par le cheik de Zeïlah. Obokh, Tadjourah, Zeïlah et Berberah sont situés en dehors de la Mer-Rouge, et c’est dans cette condition seulement qu’on peut espérer un résultat satisfaisant des mesures qui seraient prises au détroit de Bab-el-Mandeb. En effet, une fois les navires entrés dans la Mer-Rouge, il serait presque impossible d’éviter les communications et par conséquent la compromission du littoral. C’est donc en établissant un lazaret en dehors de la Mer-Rouge qu’on restera fidèle à l’un des principes énoncés par la conférence, à savoir qu’il faut arrêter le fléau précisément où sa route est la plus étroite, et avant qu’il ait franchi l’un des défilés que la nature a placés sur sa marche néfaste.

Une commission a été envoyée sur les lieux pour étudier la