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« Et Mercure prend son essor
Pour aller, d’une main vaillante,
Au ciel de l’Europe galante
Clouer mon nom, étoile d’or ! »


II


En effet, ô magicienne,
Tout sourit à votre destin ;
Le soleil de juin, ce matin,
S’est levé si doux sur Lucienne !

Vivez, la nature vous fit
Charmante et d’un si frais visage !
Vivez ! qu’importe qu’on soit sage ?
Être jeune et belle suffit !

Aux reines la pudeur morose,
La sainte vertu, l’air grognon !
A vous, gentil péché mignon,
Le sourire éclatant et rose !

A vous cet attrait qu’on défend,
Ce regard d’Eve perdant l’homme,
Et pour mordre en plein dans la pomme,
L’émail d’une bouche d’enfant !

Être belle, — voyez l’antique, —
Est la vertu, la seule loi :
Morceau charmant, morceau de roi !
Honni soit donc qui vous critique !

Honnis soient-ils tous ces pasquins
A la plume insolente et vile,
Ces fabricans de vaudeville,
Ces escrocs, ces gueux, ces coquins,

Rimailleurs de choses abjectes,
Damnés suppôts de Maurepas,
Qui s’en vont poursuivant vos pas,
De leurs bourdonnemens d’insectes !

Eux vous ménager ? Vous seriez
Vraiment, comtesse, la première !
Où brille la pure lumière,
Où croissent les sacrés lauriers,