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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 71.djvu/684

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Bergère, fée ou châtelaine,
Narine ouverte, et gorge aux vents,

Taille qui se cambre et se guinde,
Dans la nue et sous les lilas,
En jupe courte, en falbalas,
Fanchon la Vielleuse ou Clorinde,

Tous ont reproduit tour à tour,
Aimé le gracieux modèle ;
Tous ont voulu caresser d’elle
Ce que l’art dérobe à l’amour !

Mais Greuze en fit, de sa palette,
L’enchantement, l’illusion.
Partout l’aimable vision :
Jeanne fut Chloris et Colette.

Elle fut ce minois exquis
De villageoise déguisée
Que chiffonne dans la rosée
Un Lubin vicomte et marquis.

Elle fut cette fiancée
Des accordailles du hameau ;
Elle fut ce divin trumeau :
La fille à la cruche cassée !

Qui ne l’a vu, ce frais bouquet,
— Lilas, églantine et tulipe ? —
Qui n’a rêvé, moderne OEdipe,
Devant ce sphinx doux et coquet ?

OEil ingénu qu’un trouble voile,
Instant d’oubli mal réparé !
Elle a ri, puis elle a pleuré,
Une ombre a glissé sur l’étoile !

Voyez sous le pli du linon
Cette gorge encor tout émue, —
Confusion d’oiseau qui mue !
Étonnement ! repentir ? Non.

On a rêvé, quel joli somme !
Mais il faut rentrer cependant ;