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L'ANGLETERRE
ET
LA VIE ANGLAISE

XXXV.
LA VIE POLITIQUE.
II. - LE REFORM BILL, LES OUVRIERS ET LES DEMONSTRATIONS POPULAIRES.



Il est peu de spectacles plus instructifs que celui de la lutte entre les choses et les partis au-delà du détroit, Qui voulait dans le parlement anglais de la réforme électorale ? Ce n’est aujourd’hui un mystère pour personne que cette mesure comptait très peu d’amis sincères dans les rangs de la chambre des communes. Combien elle inspirait encore moins de confiance et de sympathie à l’assemblée des lords ! Il suffit d’avoir suivi avec attention les débats des deux chambres pour se faire une idée des alarmes que soulevait ce monstre né des agitations populaires. Ceux même, whigs ou tories, qui jugeaient prudent de se rallier au projet de réforme ne pouvaient toujours se refuser le plaisir ou la consolation d’en signaler les dangers. « Il a reçu, ainsi que disait un ami de M. Bright, autant de pierres que de votes. » Et toutefois il est aujourd’hui ce que les Anglais appellent the law of the land, une des lois organiques du royaume. Un tel événement ne nous enseigne-t-il point qu’il existe chez nos voisins une influence capable de courber à un moment donné la résistance des grands pouvoirs de l’état ? Cette force, on peut la désigner d’un mot, c’est l’opinion publique.