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correspondent, selon lui, à la plus grande, les maxima des taches à la moindre fréquence des éruptions. Cette période de onze ans expliquerait aussi le retour séculaire des éruptions de quelques volcans pour lesquels on veut avoir constaté une période de cent ans. On trouve, par exemple, que le Vésuve a vomi des laves en 685, 983, 1184,1682, 1784, l’Etna en 1183, 1285, 1381, 1682, 1781, etc. Ces rapprochemens sont peut-être un peu forcés[1].

Sous le titre Harmonies et contrastes, M. Reclus présente une série de considérations générales sur la distribution et sur la forme des continens et des bassins océaniques. Chaque continent pris à part peut être assimilé à une pyramide très plate dont le sommet se trouve placé loin du centre de la base. Ainsi le Mont-Blanc, cime culminante des Alpes, se rapproche tout à fait des côtes sud-ouest de l’Europe, et les versans de la pyramide que forme ce continent sont quatre fois plus étendus du côté de l’Asie et de l’Océan-Glacial que du côté de la Méditerranée. Dans le continent asiatique, la chute est rapide de l’Himalaya vers l’Inde, et très douce du côté opposé. On retrouve les mêmes caractères généraux dans l’Afrique, dans les deux Amériques et même dans le continent australien. Un autre grand trait de ressemblance entre les divers massifs continentaux est qu’ils renferment tous des bassins ou dépressions intérieures qui ont leurs systèmes particuliers de lacs et de rivières et qui forment autant de mondes à part. Enfin, et c’est là une remarque qui a été faite par Bacon, les trois groupes de continens se ressemblent par leurs pointes terminales projetées vers l’Océan-Antarctique. Ces trois presqu’îles ou queues méridionales des continens (le cap Horn, le cap de Bonne-Espérance et la Tasmanie) ne s’avancent pas également loin dans la mer ; mais elles sont reliées entre elles par un cercle idéal qu’elles partagent en trois parties sensiblement égales. Chacun de ces promontoires du monde semble avoir été en partie démoli par les flots : l’extrémité sud de l’Amérique est déchiquetée par un dédale de canaux qui en détachent des îles grandes et petites ; l’Afrique se termine au banc des Aiguilles, qui est sans doute le débris d’une terre engloutie ; le continent australien a pour prolongement le rivage escarpé de l’île Van-Diemen. Les analogies ont fait penser qu’un terrible déluge venu du sud-ouest a jadis affouillé les terres méridionales, et en a porté les décombres dans les continens du nord, où il a formé ces petites et contre-pentes qui en constituent aujourd’hui le relief. Les terres du nord se seraient ainsi démesurément agrandies aux dépens de celles du sud, dont il ne resterait, pour ainsi dire, que le squelette. Cette hypothèse a été développée par feu M. Adhémar, qui voit les grands agens de rénovation terrestre dans une série de déluges périodiques descendant alternativement du nord et

  1. Synchronismus und Antagonismus von vulcanischen Eruptionen ; Leipzig, 1863.