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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 décembre 1867.

Nous ne nous trompions point quand nous prédisions, il y a quelques jours, que l’interpellation sur les affaires d’Italie produirait des orages parlementaires. Ce débat devait être la manifestation de toutes, les positions fausses qu’ont dévoilées, aggravées ou créées les dernières perturbations italiennes. Tous les désappointemens, tous les ressentimens, toutes les irritations chagrines excitées par les incohérences de la politique générale de l’Europe, trouvaient là l’occasion de s’exhaler et de s’entre-choquer. La discussion s’ouvrait sur un acte de volonté et de force accompli par le gouvernement français, qui venait imposer violemment un ajournement à la controverse des principes contraires d’une souveraineté nationale et d’une légitimité théocratique. Il y avait en présence des vainqueurs et des vaincus tout agités des émotions que font naître les coups suprêmes de la force. La dernière intervention de la France à Rome venait de mettre en action et en lumière le conflit que la révolution italienne a suscité dans les âmes. A l’égard des affaires étrangères, tout le monde en France est de mauvaise humeur. C’était pour l’Italie une chance malheureuse que de s’être maladroitement offerte comme point de mire à l’explosion de notre mélancolie concentrée. On sait qu’en France toutes les assemblées, quand l’émotion s’empare d’elles, sont peuple, comme disait déjà le cardinal de Retz, et s’emportent facilement aux violences des foules tumultueuses. Notre corps législatif est formé d’ailleurs d’élémens qui devaient être particulièrement impressionnés par les derniers, accidens de la lutte politique et religieuse dont la puissance, temporelle de la papauté est le prétexte. La majorité de la chambre est si considérable qu’elle équivaut à l’unanimité. Elle est recrutée sous l’influence du gouvernement. Elle ne s’est guère modifiée depuis quinze ans. Le corps législatif de 1867, dans son