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DES PRINCIPES
ET
DES TRADITIONS
DANS LES ARTS DU DESSIN

I. Grammaire des arts du dessin, par M. Charles Blanc ; 1867. — II. Le Génie des peuples, dans les arts, par M. le duc de Valmy. — III. Considérations sur le but moral des beaux-arts, par M. Auguste Couder. — IV. Méthode et Entretiens d’atelier, par M. Thomas Couture.

Les ouvrages théoriques sur les arts du dessin ont été de tout temps rares dans notre pays, et cependant il semble que des travaux de cette espèce auraient facilement trouvé parmi nous des juges et un public. Nos inclinations et nos habitudes en matière de beaux-arts ne procèdent-elles pas principalement de la raison, et n’est-on pas plus apte en France à comprendre l’art qu’à le sentir ? Une vraisemblance ingénieuse dans la représentation des choses, le développement logique d’une idée ou l’explication claire d’un fait, tout ce qui tend à préciser, à définir la secrète intention qu’a eue l’artiste et l’effet moral qu’il a voulu produire, voilà le genre de mérite dont les témoignages nous gagnent le plus sûrement : telles sont aussi les lois de notre école nationale, les conditions mêmes de son génie sous toutes les formes et à tous les momens. L’art français, tel que l’ont pratiqué les maîtres depuis le XIIIe siècle jusqu’au nôtre, travaille à restreindre la part de la sensation pour élargir d’autant celle de la pensée, et l’on peut dire de la poétique qui le régit que, si elle prohibe la fantaisie presque à l’égal du