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Et que furent ces deuils sublimes
Dont Bossuet épouvanté
Poussa le cri — tant répété ?
Que furent ces nobles victimes ?

Même à l’heure où Dieu les frappait,
Leur mort semble une idylle presque
Près de l’atrocité dantesque
De vos destins, veuve Capet !

IV


Veuve Capet ! nom fatidique,
Qu’on croirait de l’Alighieri !
Vous à qui l’aube a tant souri,
Frais bouton d’un lis héraldique !

Vous d’une mère sans égal
La fille adulée et charmante,
Que Mozart enfant complimente
Avec son premier madrigal !

Princesse bonne au pauvre monde,
Ne dédaignant aucun appel,
Entre tous les astres du ciel,
Étoile gracieuse et blonde !

Vous arrivez, et devant vous
Déjà s’amassent les ténèbres,
Et dans les profondeurs funèbres
Grondent les oracles jaloux.

« Autrichienne, qui, de la France
Aujourd’hui franchissez le seuil,
Préparez vos habits de deuil,
Et laissez ici l’espérance ! »

Parmi la fanfare et les cris,
Les éblouissemens magiques,
Comment saisir ces mots tragiques ?
Et pourtant ils étaient écrits !

C’était écrit que l’étrangère,
Vouée aux expiations,