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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 72.djvu/843

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associée à des matières incrustantes sécrétées dans l’intérieur des fibres ligneuses sous l’influence de la végétation et modifiant la couleur et la dureté des tissus. Il s’agissait, avant de pouvoir substituer ces fibres végétales aux chiffons, de les soumettre à un traitement assez énergique pour les amener en quelques jours à un état de pureté analogue à celui que présentent les toiles de coton, de chanvre et de lin après une préparation spéciale et plusieurs séries de blanchimens successifs. On y est parvenu ; mais la matière soumise à ces épurations vigoureuses ne peut entrer dans la composition des pâtes que lorsque le poids en a été réduit au tiers ou au quart. Le reste représente la proportion des substances organiques ou minérales qu’il a fallu éliminer. Les débris de tissus ayant déjà subi dans l’usage domestique de nombreuses lessives donnent au contraire, en pâte à papier pesée sèche, 60 ou 80 pour 100 du poids de chiffons employés. Ces déchets dans le traitement des bois ne présentent rien d’étonnant, si l’on songe que l’on soumet souvent à ces manipulations des arbres séculaires. Or on sait que la dureté du bois augmente avec l’âge, et que cela est dû à l’abondance de corps étrangers et de matières incrustantes qui se déposent chaque année par couches concentriques dans les fibres ligneuses.

Quatre procédés distincts sont pratiqués en grand pour extraire des bois ou des pailles la cellulose membraniforme et la livrer à l’état de pâte à papier. Les deux premiers sont basés sur le même principe. On désagrège par un acide les matières incrustantes, et l’on dissout la cellulose spongieuse afin de mettre à nu la cellulose du tissu primitif. Celle-ci, plus fortement agrégée et plus résistante, ne se laisse pas attaquer par les dissolvans, et, après qu’ils l’ont débarrassée de toutes les substances d’adjonction, elle reparaît en membranes souples, blanches, faciles à feutrer et susceptibles d’entrer dans la composition des papiers les plus beaux. Voici d’abord comment MM. Neyret, Orioli et Frédet conduisent cette opération à l’usine de Pontcharra. Ils débitent à la scie mécanique, en rondelles de 5 millimètres d’épaisseur, des tiges d’arbres ayant de 36 à 60 centimètres de tour. Ces rondelles sont placées dans une grande cuve munie d’un fond en granit avec joints en caoutchouc vulcanisé. Les acides par conséquent n’ont pas d’action sur ce récipient. On y verse un mélange d’acide chlorhydrique et azotique