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MM. Bachet et Machard ont voulu tirer parti de la cellulose spongieuse que l’on perd dans le procédé de Pontcharra. Pour cela, ils l’ont convertie en matières sucrées susceptibles de fermenter et de donner de l’alcool. Ayant donc fait bouillir les rondelles de bois pendant douze heures avec de l’acide chlorhydrique étendu de dix fois son volume d’eau, ils recueillent le liquide que contient la cuve après cette ébullition. Ce liquide renferme toute la cellulose spongieuse transformée en glucose ou sucre de raisin. Tandis que les rondelles subissent la série de manipulations que nous venons de décrire, et dont le dernier résultat est également d’obtenir la cellulose membraniforme, ce liquide est traité à part ; l’excès d’acide est saturé, une certaine proportion de levure est introduite dans la liqueur, la température maintenue à 20 degrés environ, et une fermentation, signalée par l’apparition de bulles d’acide carbonique, ne tarde pas à se manifester. La glucose est décomposée en acide carbonique et en alcool. Pour obtenir ce dernier, il suffit de distiller quand les bulles de gaz ont cessé de se dégager et que par conséquent presque toute la glucose est transformée. Cet alcool est de qualité égale et même supérieure à celle des alcools de grains, de betterave et de mélasse. À plus forte raison vaut-il mieux que les alcools de marc de raisin, d’asphodèles et des résidus de garance.

Les opérations se simplifient quand il est question de séparer des substances étrangères que la végétation y a mêlées les fibrilles feutrables des tiges des graminées, des pailles ou des spartes par exemple ; seulement la matière première est ici plus chère que quand on opère sur le bois. Les usines où la cellulose membraneuse qui doit entrer dans la confection du papier est extraite de pailles diverses se sont multipliées en France et à l’étranger. Vingt-deux fabriques avaient exposé au Champ de Mars des produits venus d’Amérique, d’Angleterre, d’Espagne, de Belgique, d’Autriche, d’Italie, et chacune d’elles prépare de 1,000 à 5,000 kilogrammes par jour de ces nouvelles pâtes à papier. Les méthodes ne varient guère, et les détails seuls peuvent différer. Voici comment on opère dans une de nos fabriques françaises, celle de MM. Zuber et Rieder, à Napoléonville. Les tiges sont coupées au hache-paille en menus tronçons de 2 ou 3 centimètres, puis, préalablement mouillées et écrasées au laminoir, elles subissent pendant douze heures un lessivage avec une solution contenant environ 15 pour 100 de soude caustique. Elles sont de nouveau passées au laminoir et débarrassées ainsi des dernières portions de lessive alcaline qu’elles pourraient

    les matelas en a relevé les prix de manière à beaucoup diminuer les avantages qu’elle présentait au point de vue de l’extraction de la cellulose.