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terre, où rien ne gêne l’action individuelle et collective des citoyens, on procède autrement. Les hardis de la restauration disaient : « Aide-toi, le ciel t’aidera ; » l’Anglais dit simplement : Help yourself, aidez-vous vous-même, et il agit. Au commencement de l’année 1831, sir David Brewster écrit à M. Phillips, secrétaire de la Société philosophique d’York, pour lui proposer de fonder une association semblable à celles qui existaient déjà en Allemagne et en Suisse[1] ; il lui demande si la ville d’York, la plus centrale de l’Angleterre, accueillerait avec plaisir un certain nombre de savans à qui la municipalité et la Société philosophique accorderaient l’usage des salles de réunion dont elles disposent. MM. Robison, J. D. Forbes et Johnston d’Edimbourg, Murchison de Londres, appuyèrent la proposition de sir David Brewster, et le révérend Vernon Harcourt se chargea de la rédaction d’un projet de règlement. Mettre les hommes qui cultivent les sciences mathématiques, physiques et naturelles en rapport les uns avec les autres, exciter leur émulation, coordonner leurs efforts et les appliquer à l’étude des problèmes dont la solution est urgente, fournir aux membres actifs des moyens de travail, et enfin initier le public aux connaissances qui lui manquent, lui infuser, pour ainsi dire, l’esprit scientifique, tel était le but de l’association. L’appel des six membres fondateurs fut entendu. Au lieu de cent visiteurs que l’on attendait, il en vint trois cents, qui se réunissaient le 27 septembre 1831 dans l’amphithéâtre du muséum d’histoire naturelle de la ville d’York. L’association était fondée, et elle comptait déjà parmi ses souscripteurs des hommes célèbres dans toutes les branches du savoir humain. C’étaient, parmi les astronomes, Herschel et Airy ; parmi les physiciens, Brewster, Faraday, Babbage, Whewell et J. D. Forbes ; parmi les géologues, Buckland, Murchison, Lyell, Phillips, Daubeny, Sedgwick, Conybeare et Egerton. Robert Brown, Lindley et Henslow représentaient les botanistes, Sabine et Scoresby les voyageurs, lord Brougham et Robert Peel les hommes d’état. La société compte des membres à vie et des membres annuels. Les membres à vie versent 250 francs une fois payés, et ont droit aux comptes rendus annuels, qui forment un livre dont l’importance grossit chaque année ; de 76 pages en 1831, il est arrivé en 1866 à 718 pages. Les membres annuels, qui n’assistent qu’à une session, paient une rétribution de 25 francs et peuvent acquérir le rapport annuel au prix coûtant. Les frais des sessions prélevés, les produits de ces souscriptions sont employés à faciliter et à en-

  1. Voyez, dans la Revue du 1er mars 1864, Une Fête de la science dans la Haute-Engadine.