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le résumé de ces travaux. Un de ses collaborateurs, le révérend Merle Norman, a étudié les côtes des îles Shetland, au nord de l’Ecosse. On ne se doute pas, quand on ne l’a pas éprouvé par soi-même, combien il faut de courage, d’abnégation et de persévérance pour se livrer à de pareilles recherches. Passant des heures entières dans une embarcation au milieu de la brume ou par une brise piquante, les pieds gelés, les mains sans cesse mouillées par l’eau froide et salée, le zoologiste recueille et sépare les animaux que la drague rapporte du fond de la mer ; souvent elle revient vide, mais aussi quelle joie quand une espèce rare ou un être inconnu apparaît à ses yeux ! Alors tout est oublié, la satisfaction d’avoir fait une conquête nouvelle efface le souvenir de tous les ennuis passés. Cette satisfaction, M. Jeffreys l’a éprouvée souvent, et son collaborateur, M. Norman, n’a pas été moins heureux. Les Shetland en effet réunissent toutes les conditions désirables pour des études de ce genre : elles sont situées sur la limite de l’Océan-Glacial et de l’Atlantique ; elles se trouvent au point de rencontre des eaux chaudes du gulf-stream, qui, longeant les côtes occidentales de l’Ecosse, entraînent avec elles les animaux des parages tempérés de l’Atlantique, et des courans polaires qui poussent vers le sud les espèces de l’Islande et du Groenland. Le gulf-stream étant un courant d’eau chaude superficiel, celles-ci trouvent dans les grandes profondeurs la température de la Mer-Glaciale.

On sait généralement que certains mollusques bivalves, tels que les pholades et les modioles ou les tarets, peuvent percer les pierres et le bois. Les oursins et les colimaçons se logent dans des cavités qu’ils ont creusées eux-mêmes ; ces animaux sont armés de parties dures, leurs coquilles, leurs dents, avec lesquelles ils parviennent à user la pierre : peut-être encore peuvent-ils sécréter un suc acide comme le gastéropode appelé Tonne[1], dont la salive contient 3 pour 100 d’acide sulfurique libre. Suivant M. Ray Lankester, deux vers dépourvus de toute espèce de partie solide, appartenant à la classe des annélides et aux genres Leucodore et Sabella, jouissent de la même propriété. Ces animaux habitent sur des plages caillouteuses ; mais jamais ils ne percent que les galets calcaires, quelle qu’en soit d’ailleurs la dureté, indice presque certain qu’ils agissent au moyen d’un acide qui attaque avec une égale facilité tout carbonate de chaux, qu’il soit mou, friable ou compacte.

Je ne parlerai pas des communications faites aux sections de mathématiques, de physique et de chimie, de mécanique, de sta-

  1. Dolium galea.