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ses établissemens scientifiques et du nombre d’élèves qui les fréquentent, n’a rien négligé pour en favoriser le développement. Elle y a réussi : les rues de la ville, tranquilles, bordées de larges trottoirs et de grands édifices consacrés à l’instruction publique, semblent inviter à l’étude et à la méditation. C’est là que sir David Brewster a fait ses belles recherches sur l’optique. L’université de Saint-Andrews recevait elle-même les membres de l’association, et un dîner servi dans le collège de Saint-Salvador et suivi des toasts traditionnels termina joyeusement la journée.

Des souvenirs historiques et archéologiques avaient décidé un grand nombre de visiteurs à se rendre soit au palais de Falkland, où les attirait le souvenir du duc de Rothesay, fils aîné de Robert M. que son oncle et le comte de Douglas y firent mourir de faim, soit à l’abbaye de Rossie, résidence de lord Kinnaird, ou au château de Fingask, l’un des plus riches en souvenirs jacobites, Jacques III, plus connu sous le nom de chevalier de Saint-George, y passa une nuit. Tous les objets qu’il a touchés ont été conservés religieusement ainsi que les portraits des Stuarts et de leurs adhérons, des médailles, des proclamations, des brochures et même des caricatures de l’époque. Le lit dans lequel le prétendant Charles Stuart dormit la nuit qui précéda la bataille de Culloden reste inoccupé dans une des chambres du château. Un grand nombre d’armes provenant du champ de bataille ou ayant appartenu à des héros écossais qui survécurent à ce désastre sont appendues aux murailles. Les ancêtres du propriétaire actuel, le respectable sir Patrick Treipland, ont eux-mêmes souffert pour la cause jacobite, et un d’eux est tombé à la bataille de Preston-Pans, dans un jour de victoire après lequel les Écossais triomphans s’avancèrent jusqu’à Derby, à deux journées de Londres. Tous ces souvenirs font battre le cœur des aimables hôtes de Fingask-Castle, comme si les événemens qu’ils rappellent venaient de se passer. Dans leurs regrets, ils ne séparent pas la France de l’Ecosse. En les écoutant, il me semblait entendre la voix de l’histoire. Ce sont de pareilles conversations qui durent inspirer Walter Scott, et dans notre siècle positif, uniquement préoccupé du présent, on aime à rencontrer encore ces chroniques vivantes, exprimant des sentimens de fidélité chevaleresque à des personnages presque légendaires, morts sur la terre étrangère et ensevelis depuis longtemps dans la tombe. Les jardins qui entourent le château sont aussi fort curieux ; ils ont été dessinés dans ce style hollandais dont les tableaux des vieux maîtres flamands nous ont conservé les souvenirs. Des ifs taillés en murs, dressés en pilastres, modelés en vases, effilés en candélabres, sculptés en forme d’animaux, des parterres réguliers, géométriques, un