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la belle parole du premier ministre hongrois, M. le comte Andrassy, avec la Hongrie satisfaite il ne sera plus permis de la compter parmi les états faibles et condamnés à la décadence.

Les petits états ne peuvent traverser, sans ressentir un certain malaise, la période critique de la formation ou des ébranlemens des grandes agglomérations. Le point du continent le plus sensible aux perturbations de l’équilibre européen est, nous l’avons souvent rappelé, ce triangle qui s’enfonce au nord entre la France et l’Allemagne, cette combinaison des Pays-Bas, qui a toujours servi de pivot politique et stratégique aux grandes luttes continentales. Divisé par la révolution de 1830, le royaume des Pays-Bas a formé depuis lors deux petits états remarquables par leur industrie, leur commerce, leur administration financière et en général par le bon sens de leurs gouvernemens. Il faut espérer que la Belgique et la Hollande auront la bonne fortune d’échapper saines et sauves aux révolutions territoriales dont l’Europe pourra être encore le théâtre. Cependant on ressent en ce moment en Hollande et en Belgique de petites secousses qui sont la conséquence indirecte du trouble européen. La pierre d’achoppement des ministères hollandais et belge est la question financière. En Hollande, le parlement refuse sa confiance à un cabinet qui ne lui paraît point être assez économe des deniers publics ; il est probable que le dernier ministre de la justice, si la mort ne l’eût récemment enlevé, eût exercé une influence conciliante et eût prévenu le conflit ; mais la chambre n’a pas fait grâce à ses collègues, que la couronne soutient en faisant appel au pays par des élections nouvelles. En Belgique, il s’agit aussi d’une dépense extraordinaire motivée par des travaux de défense sur l’Escaut qui compléteraient les fortifications d’Anvers. Ici c’est la portion la plus influente du ministère, ayant à sa tête M. Frère-Orban, le chef éminent du parti libéral depuis tant d’années, qui s’opposerait aux dépenses. Les ministres belges ont remis au roi leur démission. S’ils ne la retirent point, nous ne mettons pas en doute que le pouvoir sera placé entre des mains également libérales. Les hommes politiques et les orateurs distingués ne manquent point au parti libéral belge ; il suffit de citer des noms tels que ceux de M. d’Elhoungne, l’éloquent député de Gand, de M. Dolez, président de la chambre.

Nous assistons aux méfaits commis par le fenianisme en Angleterre avec l’horreur qu’ils excitent, mais sans pouvoir comprendre les causes et la nature de cette étrange et sombre conspiration. L’Angleterre paie ainsi son tribut à la mauvaise fortune qui s’attache aux peuples dans ce temps-ci. La plaie du fenianisme est lugubre, et se traduit par des actes de destruction odieusement barbares. « Il serait un grand homme, s’écriait, il y a quelques jours, M. Bright devant le meeting de Rochdale, celui qui révélerait le moyen de satisfaire l’Irlande. » M. Bright n’affiche