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Bartolomeo Diaz, peuplée en 1652 par les Hollandais sous Jan van Riebeke, cette colonie fut enlevée à la Hollande par les Anglais sous les ordres de sir James Craig en 1795, après l’annexion des Pays-Bas à la France. Elle compte aujourd’hui 300,000 habitans, dont plus de la moitié appartiennent à la race blanche. Les autres sont des Hottentots, des Cafres et des Malais. Les blancs sont des Anglais, des Hollandais et des Français, descendans des anciens réfugiés de l’édit de Nantes. Presque tous sont protestans, ainsi qu’un grand nombre d’indigènes convertis. En 1850, l’Angleterre appliqua au Cap cette réforme si intelligente du système colonial qui, en affranchissant les colonies de toute tutelle, les a transformées en états libres aussi attachés à la mère-patrie qu’ils lui étaient hostiles auparavant. Maintenant ils se gouvernent par les représentans qu’ils élisent, et s’ils sont mal administrés, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes.

Le climat du Cap est sain, mais il est trop aride pour être très favorable à la végétation. Il y a des années si sèches que la plupart des plantes périssent, et que les populations songent à émigrer en masse. Ce qui caractérise la flore, ce sont les éricas avec leurs gracieuses fleurs aux nuances les plus éclatantes, depuis le blanc de neige jusqu’à l’écarlate fulgurant, et les grandes euphorbes, qui jamais ne meurent de soif. Une partie du pays est occupée par des karros, plateaux élevés de 3,000 à 5,000 pieds dont le sol rougeâtre et formé d’argile et de sable ferrugineux se cuit au soleil et devient dur comme une brique pendant l’été. L’hiver, c’est-à-dire de mai jusqu’en août, les pluies trempent la terre et y font éclore des tapis de fleurs de la famille des iris, des amaryllis, des oxalis et des géraniums. Les produits de la zone tempérée et subtropicale réussissent, mais ne donnent point de grands profits. La source principale de la richesse du Cap, c’est le mouton, qui se plaît dans ce climat sec, et livre une laine excellente. L’exportation de la laine augmente d’une façon prodigieuse. Elle était nulle il y a cinquante ans; en 1854, elle s’élevait à 4 millions de kilos, et en 1865 à plus de 18 millions. Elle avait quadruplé en dix ans. La valeur totale des exportations de la colonie a aussi quadruplé depuis quinze ans. En 1850, elle montait à 636,833 livres sterling, et en 1864 à 2,395,673 ou environ 60 millions de francs. Quelques localités grandissent avec une rapidité qu’on ne retrouve qu’en Australie et aux États-Unis. Ainsi Port-Élisabeth, dans la baie d’Algoa, a acquis en quelques années une importance commerciale bien plus grande que celle du Cap. En 1864, le mouvement du port, entrées et sorties, a été de plus de 80 millions de francs, soit le double de celui du Cap.

Quelle est la cause de ces merveilleux progrès? Ce sont les qualités