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Le Monde des Bois, Plantes et Animaux, par le Dr Hœfer; Paris, Rothschild.


Le Monde des Bois est une de ces publications illustrées dont notre époque est prodigue, et qui sont moins préoccupées de faire étalage d’érudition que de contraindre le lecteur à s’instruire par l’attrait d’un style aimable et de jolies gravures. La beauté de la forme toutefois ne nuit en rien à la valeur du fond. Les œuvres de vulgarisation sont diverses. S’il en est qui, superficielles et creuses, empruntent le masque de la science pour déguiser une pauvreté constitutionnelle, il en est, — et celle de M. Hœfer est de ce nombre, — qui tout au contraire n’ont d’autre souci que de déguiser la science pure afin de la rendre avenante et gracieuse.

Une introduction savante esquisse à grands traits le tableau général de la vie sur le globe, puis M. Hœfer nous parle de ces vastes forêts de la Gaule, ou plutôt de cette unique forêt primitive dont l’humide et sombre manteau recouvrait tout le centre de l’Europe, des côtes occidentales de la France aux frontières de la Russie. Dans une première partie, consacrée aux plantes forestières, l’auteur les passe en revue depuis les gigantesques sapins qui couronnent les hautes cimes de nos montagnes boisées jusqu’aux humbles fleurs du gazon, jusqu’aux champignons eux-mêmes qui se cachent sous les feuilles mortes. Grands conifères, essences non résineuses, pomacées et amygdalées forestières, arbrisseaux lilliputiens de la flore sylvestre, ils sont tous là, les principaux du moins, décrits et analysés avec la précision correcte du botaniste qui a lui-même examiné ce dont il parle. Ce ne sont pas seulement les observations des autres que M. Hœfer nous raconte, ce sont aussi les siennes, et le trait caractéristique du talent de l’auteur du Monde des Bois, des Saisons et de plusieurs autres ouvrages de valeur, c’est une indépendance remarquable vis-à-vis des formules et des aberrations parfois si regrettables de la science. Dans une seconde partie, c’est des hôtes de la forêt qu’il s’agit, c’est-à-dire des animaux divers qui en peuplent les vastes solitudes. Promeneurs, chasseurs et forestiers trouveront là des chapitres qui les intéressent. Bêtes fauves, reptiles, oiseaux de proie, oiseaux chanteurs, insectes utiles ou nuisibles, gibiers de toute sorte, sont étudiés avec le même soin que le sont dans la première partie les végétaux au milieu desquels ils passent leur vie, et l’on peut dire que l’auteur du Monde des Bois a bien mérité des amateurs et des lecteurs sérieux en publiant un des meilleurs livres de vulgarisation parus cette année.


ED. GRIMARD.


L. BULOZ.