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revenus qui dérivent de ces diverses sources s’appliquent surtout à deux objets, l’entretien des édifices de la société et l’enseignement du droit.

Cette dernière branche se trouve confiée à un conseil qui prend le nom de council of legal éducation. C’est pourtant grâce a une confusion d’idées après tout fort naturelle qu’on traduit généralement en France inn of court par école de droit. Si étrange que puisse sembler le fait, il n’existe point de faculté de droit en Angleterre. Il est bien vrai que dans les universités d’Oxford, de Cambridge et de Londres des professeurs font des cours sur les branches les plus importantes de la législation et de la jurisprudence. Des bacheliers et des docteurs en droit sortent non sans honneur de l’épreuve des examens ; mais de pareils titres n’ont absolument rien de commun avec la profession de barrister. Selon le plan d’études adopté par nos voisins, les universités préparent à toutes les carrières libérales, elles n’en ouvrent aucune. Comment donc devient-on avocat ? Le jeune homme qui se propose d’étudier en droit avec l’intention d’être appelé plus tard au barreau doit avant tout se faire recevoir membre d’un des inns of court. Il adresse pour cela une demande aux autorités de l’hôtel et un certificat de bonne conduite (respectability) signé par deux avocats de la société dans laquelle il désire être admis. Autrefois le postulant agréé par le conseil n’était soumis à aucune épreuve ; mais depuis quelques années il lui faut passer un examen et montrer qu’il n’est point étranger aux études classiques. Les deux tiers environ des jeunes Anglais qui se destinent au barreau sortent d’ailleurs des universités. Les frais d’entrée se trouvent réglés par les statuts de chaque confrérie[1]. Ce qu’on exige désormais de l’étudiant dont le nom a été inscrit sur les registres de l’inn, c’est qu’il fasse un stage de douze trimestres (terms) et qu’il dîne un certain nombre de fois dans la grande salle (hall). Il est aisé de tourner cet usage en ridicule, et pourtant les magistrats d’outre-mer y tiennent. Tout aussi bien que d’autres, ils savent parfaitement qu’un jeune homme ne devient point un grand avocat pour s’être assis de temps en temps à la table des légistes ; mais ils prétendent que c’est un moyen pour l’étudiant de se former aux bonnes manières et de contracter des liens de fraternité avec les autres membres de la même profession. De telles réunions ne manquent d’ailleurs point de caractère ; la table des benchers occupe à l’extrémité supérieure de la salle ce qu’on appelle le dais, une plate-forme élevée d’une ou deux

  1. A l’Inner Temple, l’étudiant paie en entrant 259 fr., au Middle Temple 252 fr. 50, à Lincoln’s Inn 127 fr. 25, et à Gray’s Inn 207 fr. 35 c.