Quel est, dans ce brouillard léger,
Le spectre aimable qu’il évoque ?
Noyé dans ce pâle rayon,
Qui donc ce héros sans scrupules
Attend-il ? La princesse Jules ?
Madame de Lavauguyon ?
D’Andlau peut-être, tout émue
Du petit scandale d’hier ?…
Quelque chose a glissé dans l’air,
De ce côté l’herbe remue…
Ciel ! Vous ici, madame, vous !
Sous ce chapeau, dans cette robe !
Et sans même un loup qui dérobe
Ce visage connu de tous !
Vous, qu’en ce monde nul ne blâme,
Excepté le vice qui ment !
Et si calme en pareil moment !
Quel mystère ? Est-ce vous, madame ?
Le cardinal, humble et discret,
En s’inclinant cueille une rose.
Osera-t-il l’offrir ? Il ose…
Elle l’accepte et disparaît…
Illusion cabalistique !
Art mystérieux de Satan,
Dont un illustre charlatan
Possède à la cour la pratique !
Cagliostro, ce nécromancien
Qui connaît le prince et l’exploite,
Ne tient-il pas dans une boîte
Certain miroir égyptien
Où, comme des ombres chinoises,
Il fait défiler tour à tour
Les grandes dames de la cour,
Les soubrettes et les bourgeoises ?
Quand on peut, devant tout Paris,
Par un prestige de théâtre,
Montrer Laïs et Cléopâtre,
Hélène et le berger Paris,
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