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Elle a prié le Dieu des bons
Du plus profond de ses entrailles,
Le Dieu qu’on adore à Versailles,
Et pour qui régnent les Bourbons.

Elle a, d’un œil plein d’espérance,
De son balcon vu se lever
Les étoiles qui font rêver
Les filles d’Autriche et de France.

Et, lasse des plaisirs du jour,
Elle a, non sans condescendance,
Goûté comme une contredanse
L’air du rossignol de la cour.

Elle a chiffonné quelque chose,
Un peu joué du clavecin,
Puis croisé les bras sur son sein
Et fermé sa paupière rose.

Et, comme dans ce fabliau
Charmant de la belle Euryanthe,
Tandis qu’elle dort souriante,
L’intrigue étend son imbroglio ;

Car lorsque, inexorable et sombre,
Le Destin a dit : « Halte-là ! »
Lorsqu’il veut frapper, lorsqu’il a
Mis une dynastie à l’ombre,

Quand il a dit d’un empereur
Ou d’un roi : « C’en est fait, qu’il tombe ! »
Tout sert à lui creuser sa tombe,
Tout devient signe avant-coureur !

Tout devient bois, tout devient flèche,
La chanson saisie en chemin,
La pièce qu’on jouera demain,
Ce qu’on permet, ce qu’on empêche.

Tout tourne à mal, devient auront ;
Pas un caillou qui ne ricoche
Et pas une mouche du coche
Qui ne pique la reine au front !

Tout scandale et toute infamie
Remonte vers elle et le roi.