Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 74.djvu/482

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plaques de toute substance, dont la destination a été précisément expliquée par une inscription de Sargon que M. Oppert a déchiffrée. Le monarque assyrien y dit : « Sur des tablettes en or, en argent, en antimoine, en cuivre, en plomb, j’ai écrit la gloire de mon nom. » Ce ne sont pas seulement des amulettes, ce sont des statues colossales, des bas-reliefs, qu’on a rencontrés à côté des palais. Ils portaient des inscriptions renfermant des prières aux dieux, des louanges en leur honneur. Le roi assyrien se donne toujours comme leur lieutenant, leur ministre. Il propage leur religion par les armes, et punit ceux qui refusent de reconnaître leur majesté.

On devine qu’un culte si constant et si respectueux envers les êtres divins avait dû avoir pour effet de remplir l’Assyrie de sanctuaires. Les textes épigraphiques mentionnent fréquemment l’érection de temples. Babylone en comptait un grand nombre ; aucune inscription ne nous apporte à cet égard des informations plus précises que l’espèce de proclamation dite inscription de la compagnie des Indes, qui se lit sur un monument de Nabuchodonosor. Il y faut joindre, pour compléter les indications qu’elle fournit, l’inscription de Borsippa, émanant également du fils de Nabopolassar. Le roi rappelle dans ces textes les grands travaux qu’il a exécutés à Babylone, la construction des temples de Nébo, de Zarpanit, de Nana, de Ninip-Samdan, de Sin, d’Ao. Ces divers édifices étaient bâtis, nous dit l’inscription de la compagnie des Indes, en bitume et en briques. Les deux sanctuaires qui doivent nous intéresser le plus dans cette pompeuse énumération sont incontestablement le temple du Ciel et de la Terre et celui des sept Lumières de la Terre. Ce qui est dit du premier par les deux épigraphes nous y fait reconnaître la pyramide décrite dans Strabon sous le nom de Tombeau de Bélus. Le mot tombeau employé par le géographe grec est manifestement la traduction de l’expression assyrienne lieu de repos, qu’on appliquait au sanctuaire d’une divinité. Divers témoignages anciens nous apprennent que ce temple fut détruit par Xercès. Il s’élevait dans la cité royale, et paraît en avoir été comme le temple métropolitain. Il était dédié à Méroda.ch, qui avait sa demeure, son lieu de repos, à la partie inférieure du monument. Un dôme d’or et de marbre, dont la voûte constellée était une imago du firmament, surmontait le sanctuaire où se rendaient des oracles. Aux divers étages de la pyramide étaient placés d’autres sanctuaires consacrés aux principales divinités. Enfin au sommet s’élevait l’édifice que les textes épigraphiques appellent le temple des assises du Monde. L’autel de Mérodach, qui était d’abord en argent, fut refait en or pur par ordre de Nabuchodonosor. Les charpentes employées dans l’édifice étaient en bois de cyprès apporté du Liban.