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LA PÊCHE ET LES POISSONS.

Nouveau Dictionnaire des Pêches, par M. de La Blanchère, 1 vol. in-4o ; Paris, Delagrave, 1868.


La pêche fut l’une des premières industries auxquelles l’homme dut s’adresser pour pourvoir à sa subsistance. Comme la chasse, elle eut pour objet de lui permettre de s’emparer des animaux destinés à sa nourriture. Dès son apparition sur la terre, il dirigea vers ce but les facultés dont la nature l’avait pourvu, et acquit bientôt une assez grande habileté ; c’est ainsi qu’on a trouvé dans les habitations lacustres du lac de Zurich des hameçons de bronze dont la forme diffère peu de celle qui est actuellement en usage. Mais tandis que la chasse n’est plus qu’un plaisir. et ne donne que des produits aléatoires et relativement peu importans, les habitans des eaux sont appelés à entrer de plus en plus dans l’alimentation publique.

D’après les documens officiels cités par M. de La Blanchère, la pêche côtière, qui en 1817 armait 7,696 bâtimens et donnait un produit de 14,475,242 francs, a armé en 1865 15,321 bâtimens, et a produit 40,261,240 francs. Quant à la pêche d’eau douce, elle représente une valeur de 20 millions de francs, dont 14 millions environ proviennent des lacs, étangs ou cours d’eau particuliers, et le surplus des embouchures des fleuves et des parties louées au profit de l’état ; mais on n’en restera pas là, et avant peu sans doute ces chiffres vont suivre une progression bien plus rapide encore.

Jusque dans ces derniers temps en effet, on ne soupçonnait pas les immenses ressources que les poissons pouvaient fournir, et l’on ne pensait pas que, vivant loin des regards dans les profondeurs des fleuves et des mers, ils pussent jamais être soumis à notre action. Les travaux récens que nous avons eu l’occasion de rappeler[1] ont aujourd’hui démontré aux plus incrédules que l’homme peut non-seulement contribuer puissamment à la multiplication des poissons, mais encore les engraisser et les domestiquer comme il le fait du bétail. C’est au point que bien des personnes vont aujourd’hui jusqu’à dire que les eaux doivent un jour nourrir la terre.

Parmi ces travaux, celui qui à coup sûr est le mieux fait pour donner de la pêche et des poissons une idée complète est le Nouveau dictionnaire des pêches de M. de La Blanchère. Écrit par un homme qui est au courant de tout ce qui a été publié à ce sujet et a beaucoup étudié et pratiqué par lui-même, ce livre renferme l’histoire naturelle complète de tous les poissons, indique les procédés les plus convenables pour les pêcher, décrit les ustensiles à employer, en un mot fait connaître tout ce qu’il est indispensable de savoir, soit qu’on fasse de la prise du poisson

  1. Voyez, dans la Revue du 1er janvier 1868, la Pêche à l’Exposition universelle.