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colm. Il était dès lors attaché, comme il l’avait ardemment ambitionné, au service politique. Lord Wesllesley lui offrit bientôt une mission très importante. L’Afghanistan s’était agité en faveur de Tippou-Sahib, et contrecarrait d’un autre côté les projets du gouverneur-général sur le royaume d’Oude. Par-delà cette contrée montagneuse et peu connue, la Perse était un sujet de préoccupations incessantes. Le gouvernement de Calcutta, tardivement informé de ce qui se passait en Europe, avait lieu de craindre que l’expédition de Napoléon en Égypte ne fût la première étape d’une campagne contre l’Inde. Les Anglais redoutaient que les sultans barbares de l’Asie occidentale ne fussent disposés, le cas échéant, à favoriser les conquêtes des Français. Malcolm reçut l’ordre de se rendre en Perse afin de proposer au shah une alliance défensive, et, ce que les Anglais n’oublient jamais, de ranimer le commerce entre les ports de l’Inde et ceux du Golfe-Persique. Cette mission fût couronnée de succès ; le jeune ambassadeur réussit en ces négociations délicates, tant par l’habileté diplomatique dont il fit preuve que par les riches présens dont il sut combler à propos les ministres de la cour persane.

Il serait long de suivre l’officier politique dans toutes les pérégrinations que les circonstances lui imposaient. L’administration de lord Wellesley se signalait par le nombre et l’étendue de ses entreprises, et lord Wellesley n’avait pas d’auxiliaire plus ardent, de confident plus convaincu que John Malcolm. Quoiqu’il fût en titre résident du nouvel état de Mysore, à la création duquel il avait assisté, il n’y séjournait guère ; le gouverneur-général faisait sans cesse appel à son expérience et à son activité pour des missions extraordinaires. La guerre contre les Mahrattes lui fournit une nouvelle occasion de suivre sur les champs de bataille son ami Arthur Wellesley. « Un agent politique, écrivait-il, n’est jamais si bien à sa place qu’à l’état-major d’une armée. » Toutefois sa santé s’altérait encore sous l’influence du climat et le poids de fatigues incessantes ; il eut le chagrin d’être obligé de quitter le camp et de ne pouvoir assister au combat d’Assaye, première victoire du futur duc de Wellington. Cette absence fut de courte durée, car on le retrouve bientôt occupé à négocier des traités avec les princes vaincus. Des services si divers lui avaient valu une juste notoriété ; aussi, lorsque son puissant protecteur quitta l’Inde, Malcolm occupait l’un des premiers rangs dans le corps diplomatique de la compagnie.

Après s’être séparé d’un gouverneur-général dont il adoptait avec chaleur les projets quelquefois téméraires, Malcolm faillit s’abandonner au découragement. Il ne se trouvait pas assez récompensé.