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L’Art de Planter, par M. le baron de Manteuffel, traduit par M. J-P. Stumper. — L’Art des Jardins, par M. le baron Ernouf. — Les Conifères, par M. C. de Krwan ; Rothschild, Paris 1868.


Les végétaux occupent de nos jours une place fort large dans les préoccupations non-seulement des hommes spéciaux, mais encore d’une foule de lecteurs, car de plus en plus on s’intéresse à la plante, et à très juste raison. En même temps qu’elle nous nourrit, elle nous ombrage, nous entoure de ses fleurs, anime et transforme par sa présence le plus simple des paysages. De là l’inépuisable charme du jardin, du bosquet, de la forêt, de la simple prairie même, où marguerites et boutons-d’or rivalisent d’élégance simple et de naïve beauté. Il faut bien croire en effet que les lecteurs de livres d’horticulture se multiplient dans une proportion très rapide, puisque nous voyons naître pour eux toute une littérature spéciale, et apparaître, pour ainsi dire, chaque jour des ouvrages illustrés avec soin, d’un format commode et d’un prix modique, dont les auteurs s’efforcent de combiner le sérieux de la science à l’attrait d’un enseignement familier. Le caractère commun des publications dont nous avons réuni les titres, ce qui indique bien qu’elles ont eu pour but de répondre à un goût général et pratique pour les plantes, c’est que toutes trois sont écrites en vue d’une immédiate application. Elles se proposent nettement de mettre le lecteur à même de cultiver. Voici d’abord M. de Manteuffel, grand-maître des forêts de la Saxe, qui nous enseigne les divers procédés de culture concernant les plantes ligneuses, choix et préparation des terrains, création de semis et de pépinières, reboisement des montagnes, tout ce qui touche aux plantations de quelque nature, et écrit enfin ex professa un manuel riche défaits et d’enseignemens pratiques. L’Art des Jardins, du baron Ernouf, épuise dans une première partie tout ce qu’un petit propriétaire à intérêt à apprendre sur les jardins d’étendue médiocre, tels que ceux des instituteurs par exemple. Il enseigne à ces derniers quelle part revient à l’utile, quelle importance appartient à l’art. La seconde partie traite des squares et des parcs, et résume nombre d’ouvrages français, anglais, allemands, car ce mouvement des esprits ne s’arrête pas à la France. Enfin sous ce titre, les Conifères, M. de Kirwan, sous-inspecteur des forêts, a écrit un traité complet sur les arbres verts. La culture de ces superbes végétaux, tant au point de vue forestier qu’au point de vue horticole et décoratif, y est exposée avec détail ; chaque espèce y est décrite, et ce n’est pas une collection de médiocre importance que celle qui, depuis les épicéas nains de nos parterres jusqu’aux séquoias gigantesques des gorges de Californie, renferme, on peut le dire, les plus beaux représentans du règne végétal.


ED. GRIMARD.


L. BULOZ.