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de l’équivalent mécanique de la chaleur. Vous vous êtes efforcé de démontrer qu’un pareil équivalent n’existe pas. » Le rapporteur ajoutait d’ailleurs : « Un examen approfondi de vos expériences a cependant amené la commission à penser que, loin de confirmer votre opinion, ces expériences, discutées d’une certaine manière, tendraient bien plutôt à prouver l’existence d’un équivalent fixe, et même fourniraient des chiffres assez concordans avec ceux qu’ont déjà donnés d’autres expérimentateurs. » Ce fut l’origine d’une longue controverse entre M. Hirn et M. Clausius et d’une série de travaux auxquels d’autres savans prirent part. Il fallut plusieurs années d’efforts pour que la lumière se fît dans cette discussion. En 1863 seulement, M. Hirn reconnut que ses expériences mêmes, sainement interprétées, servaient à établir la fixité du rapport d’équivalence.

On le voit par cet épisode, l’établissement du premier principe de la thermodynamique éprouvait encore, il y a bien peu d’années, de sérieuses vicissitudes. Comment en aurait-il été autrement de la seconde loi qui nous occupe spécialement aujourd’hui? Cette seconde loi d’ailleurs, — nous ne pouvons tarder plus longtemps à le dire, — ne se présente pas de façon à être tout d’abord énoncée facilement en langage ordinaire. Il faut quelques précautions pour voir, sous la formule analytique qui l’enveloppe, les faits qu’elle représente. Disons seulement dès maintenant que cette loi peut être donnée comme une découverte de Carnot, qui en est le véritable initiateur. Indiquons-en même l’idée directrice, afin de mettre aux mains du lecteur un fil qui puisse le guider. Cette idée directrice est que la chaleur ne produit d’effets mécaniques qu’en passant d’un corps chaud à un corps froid; mais, cette indication générale une fois donnée, on nous permettra de tourner un obstacle qu’il serait difficile d’aborder de front. Au lieu de débuter par un énoncé précis de la loi à laquelle nous voulons arriver, nous commencerons par montrer l’ordre d’idées où il faut se placer pour la saisir; nous lui donnerons alors, dès que ce sera possible, une première forme qui fournira un corps à notre exposition; une fois placé sur un terrain connu, nous chercherons à serrer le principe de plus près pour arriver à un énoncé plus complet. C’est ainsi par étapes que nous parviendrons à le formuler définitivement et à le considérer dans ses conséquences les plus importantes.

Lorsque la conversion de la chaleur en travail est devenue pour notre esprit une notion familière, il se trouve en présence de nouveaux problèmes. Toute chaleur peut-elle, en toute occasion, se convertir en travail? Y a-t-il au contraire des circonstances qui facilitent ou qui entravent cette conversion? S’il en est ainsi, quelles