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verre gradué qui, opérant comme un niveau d’eau, indique exactement la quantité de liquide versé dans la cuve. Quand il y a contestation entre les marchands, ce qui arrive souvent pour les alcools, c’est encore le dépotoir qu’on fait intervenir. Ce service est dirigé par un employé assermenté du poids public et par quatre ouvriers qui versent un cautionnement, car ils sont responsables des dégâts que peut entraîner la manutention des pièces. Les droits que l’on acquitte pour faire dépoter sont de 5 centimes par 20 litres. En 1867, on a dépoté 20,647 pièces, contenant 117,044 hectolitres 46 litres, qui ont produit 20,647 fr. ; les neuf dixièmes des opérations ont porté sur les alcools.

Le commerce qui se fait à l’entrepôt est très actif et très important sur les vins ordinaires, mais ne touche que d’une façon accidentelle et restreinte aux vins fins; c’est là que les détaillans viennent s’approvisionner, que l’industrie achète ses alcools; presque tous les marchés ont lieu en gros, et, sauf quelques rares exceptions, on ne vend qu’à la pièce. Par suite d’habitudes provinciales et aussi, il faut bien le dire, de l’impossibilité presque matérielle pour les tonneliers de faire deux fûts ayant exactement la même dimension, toutes les pièces reçues à l’entrepôt ont des contenances différentes; mais au premier coup d’œil un marchand exercé reconnaît la provenance d’un tonneau et sait par cela même quelle en est la capacité approximative, 212 litres pour le Mâçonnais et le Beaujolais, 215 pour Cahors et Marseille, 218 pour l’Anjou et le Bordelais, 230 pour Beaugency, 250 pour la Touraine, 271 pour la Bourgogne.

Dans le principe, l’entrepôt avait été construit pour centraliser et abriter les liquides en général qui peuvent se conserver sans avaries; les huiles et vinaigres devaient y tenir une place notable. Les chiffres montrent cependant que ces deux denrées n’arrivent au quai Saint-Bernard qu’en quantités illusoires. En effet, en 1867, le mouvement a été pour les vins, stock de l’année précédente : 425,366 hectolitres 73 litres, entrées 830,015 hectolitres 38 litres, sorties 831,310 hectolitres 88 litres; pour les alcools : entrées 212,575 hectolitres 84 litres, sorties 174,940 hectolitres 46 litres. Ces chiffres-là sont considérables et ont amené un roulement de fonds important; mais les huiles représentent 4,048 hectolitres 97 litres pour les entrées, et 3,363 hectolitres 49 litres pour les sorties; quant aux vinaigres, la proportion est plus faible encore : 3,036 hect. 56 litres à l’entrée, et 2,812 hect. 89 litres à la sortie.

On peut affirmer que les vins sont très rarement frelatés à l’entrepôt, car pendant l’année 1867, sur la grande quantité que nous venons de citer, on n’a saisi que 416 hectolitres 27 litres de vins.