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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 75.djvu/895

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Les halles comprendront en tout quatorze pavillons, dont dix sont aujourd’hui livrés au public ; les quatre qui restent à élever doivent entourer la halle au blé, servir en partie de logement aux employés de l’administration et remplacer les groupes de vieilles maisons qui entourent les rues du Four, Sartines, Mercier, Oblin, Babille et des Deux-Écus. Ce sera à peu près l’emplacement exact qu’occupait jadis l’hôtel de Soissons. Les halles, ainsi complétées, auront coûté 60 millions, s’étendront sur une superficie de 70,000 mètres, et seront bornées à l’est par la rue Pierre Lescot, au nord par la rue de Rambuteau, au sud par la rue Berger, à l’ouest par la future rue du Louvre, qui, partant de la Seine, où elle communiquera par un pont avec la prolongation de la rue de Rennes, aboutira rue Réaumur, et probablement sera poussée jusqu’au boulevard Poissonnière. Ainsi environnées de voies de communication très larges, qui directement ou par leurs affluens desservent les barrières et les gares de chemins de fer, les halles offriront à l’apport fit à l’enlèvement des denrées des facilités exceptionnellement favorables qui donneront au service intérieur de cet immense marché une activité et une régularité de plus en plus grandes. Six mille voitures au moins employées chaque nuit à l’approvisionnement se mêlent à huit cents bêtes de somme, aux charrettes à bras, aux porteurs de hottes, et exigent un emplacement de 22,000 mètres pour stationner[1]. Aussi l’encombrement serait excessif, si une ordonnance de police n’empêchait toute autre voiture de circuler dans le périmètre des halles entre trois et dix heures du matin. Le soin de faire exécuter les mille et une minutieuses prescriptions que nécessite un service pareil est confié à une brigade de quarante sergens de ville et à un peloton de garde municipale.

Les pavillons sont d’énormes constructions couvertes d’un vitrage, et dont les parois, faites de verre et de colonnettes en fonte, sont portées sur des murailles en briques. Divisés selon l’objet spécial auquel ils doivent servir, ils sont très vastes et élevés au-dessus d’immenses caves qui sont des magasins et qu’on nomme des resserres. La pierre de taille et la brique sont seules entrées dans l’édification de ces souterrains, où les marchands gardent les denrées qu’ils n’ont point vendues, où se fait l’abatage des volailles. Les lapins, les canards vivans, y sont enfermés dans des cages en fil de

  1. Chaque voiture qui vient aux halles pour approvisionner ou désapprovisionner paie un droit de stationnement et de garde qui varie entre 45 et 25 centimes ; les hottes, mannes, paniers et denrées en tas paient 10 centimes. Chaque propriétaire de voiture, de hottes ou de tas doit se munir d’un bulletin délivré par un agent du service des perceptions municipales. En 1867, il a été délivré 3,220,899 bulletins, et les droits de stationnement et de garde ont produit 584,458 francs 50 centimes.