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dans les artères, c’est un fait anciennement connu et que l’on a pu constater la première fois que l’on a fait une saignée. Toutefois ce n’est qu’à une époque fort récente que l’on a institué à cet égard des études précises. M. Poiseuille est le premier physiologiste qui ait eu l’idée d’appliquer un manomètre à l’artère d’un animal vivant. Ces expériences, continuées et développées en France par MM. Marey et Chauveau, constituent une branche spéciale de la science, l’hémodynamique. Il y a deux élémens à distinguer dans la pression du sang, d’une part l’impulsion qui vient du cœur et qui s’affaiblit à mesure que l’on s’éloigne de cet organe, de l’autre la pression proprement dite, qui subsiste dans toute l’étendue des artères, et dont on peut apprécier la valeur propre aux extrémités artérielles. Cette pression est à peu près constante chez les mammifères et dépasse d’un cinquième environ la pression atmosphérique. On comprend d’ailleurs l’influence que la pression du milieu intérieur exerce sur l’état des élémens anatomiques en réglant les phénomènes d’échange qui ont lieu entre ces élémens et le liquide qui les baigne.

Le liquide sanguin a une réaction neutre ou alcaline, il n’est jamais acide. Cette condition influe naturellement sur les actions chimiques qui peuvent s’y produire. C’est en ce sens seulement que l’on a pu dire que certains phénomènes chimiques se trouvent modifiés quand ils se produisent dans les organismes vivans. En général, la constitution du sang ne permet pas les combinaisons métalliques qui doivent se produire par double décomposition, tandis qu’elle se prête au développement des fermentations. Ainsi M. Claude Bernard injecte par deux veines différentes et éloignées l’une de l’autre du prussiate jaune de potasse et un sel de peroxyde de fer; la rencontre doit donner naissance à du bleu de Prusse. Les deux sels circulent dans le liquide sanguin sans s’y combiner, en raison de la réaction alcaline qu’il présente; mais, s’ils viennent à pénétrer dans l’estomac ou dans la vessie, où ils trouvent des sécrétions acides, immédiatement la combinaison se fait, et on voit apparaître la coloration caractéristique du bleu de Prusse. Si au lieu de ces substances minérales on injecte dans les veines de l’émulsine et de l’amygdaline, qui, en se rencontrant, peuvent réagir l’une sur l’autre par fermentation et produire de l’acide prussique, la réaction a lieu dans le sang, et l’animal tombe empoisonné.

Le sang, pour vivifier les divers élémens, doit porter de l’oxygène dans toutes les parties de l’organisme. C’est la fonction que remplit spécialement chez les animaux supérieurs le globule rouge du sang. Les globules rouges viennent se charger d’oxygène dans les poumons, et, après avoir accompli le mouvement circulatoire, y rapportent de l’acide carbonique. L’échange gazeux qui a lieu par la surface pulmonaire constitue le phénomène proprement dit de la