tions primitives, qui tendaient à transformer l’impôt sur la richesse mobilière en une taxe sur le revenu, il exemptait les porteurs étrangers de la dette. La chambre a bouleversé tout cela, elle n’a pas voulu de la taxe sur le revenu, elle a mis un nouveau dixième, — il y en a déjà deux, — sur la richesse mobilière, et les étrangers sont soumis à l’impôt pour les titres de la dette comme les nationaux. Les chambres de Florence se sont trompées, et ont cédé à un préjugé aussi futile qu’il peut être dangereux contre les étrangers. Ce n’est pas seulement la violation palpable d’un engagement, c’est une mesure contre le crédit italien. Les intérêts de la dette italienne à l’étranger s’élèvent à 86 millions, sur lesquels la France a la plus grande part. C’est donc une maigre ressource de 8 millions qui résultera de l’impôt, et pour ces 8 millions l’Italie expose gravement son crédit. Que fera-t-elle, si les bourses étrangères se ferment devant ses valeurs nouvelles, notamment devant les obligations de la compagnie des tabacs ? Elle perdra infiniment plus qu’elle ne peut recueillir par la taxe. Elle n’a qu’à se souvenir de l’Espagne, qui a été durement atteinte dans son crédit, il y a quelques années, pour un fait analogue, qui a fini par être obligée de reconnaître les certificats anglais, la dette passive, et qui dans l’intervalle a perdu considérablement. Ce qu’il y a de plus étrange, c’est qu’on n’a pas même exempté les bons du trésor. Ces singuliers économistes n’ont pas vu qu’il faudrait nécessairement fixer l’intérêt en conséquence, et qu’en définitive c’est l’état lui-même qui paierait les frais. Si cet acte n’a pas produit déjà l’effet qu’il pouvait produire, c’est qu’il y a un effort évident pour restaurer les finances du nouveau royaume, et que les porteurs étrangers sont intéressés eux-mêmes à ne rien brusquer, à ne pas compromettre le crédit italien. Leur premier intérêt est dans cette reconstitution financière qui s’accomplit aujourd’hui et qui est leur plus sûre garantie.
Quand l’Italie aura mis un peu d’ordre dans sa situation matérielle, elle ne sera pas au bout de son œuvre, elle pourra songer à sa situation morale. Elle a beaucoup à faire, nous en convenons. Et d’abord qu’elle mette fin au plus vite à cette grande misère de ces petits enfans que vous avez vus si souvent à Paris. On ne s’en doute guère, il y a des villages de la Basilicate d’où partent chaque année des centaines d’enfans littéralement vendus à d’odieux traficans. C’est une véritable traite qui s’exerce en pleine civilisation européenne. Il y a quelque temps, une société de bienfaisance italienne qui existe à Paris prenait en main les intérêts de ces malheureux, et publiait dans un rapport touchant les renseignemens les plus curieux. Le parlement de Florence lui-même s’en est occupé, et le général Menabrea mettait avec raison cette question au nombre des plus graves. Il s’agit pour l’Italie de faire cesser cette exportation d’êtres humains favorisée par les anciens gouvernemens, et de combattre le vagabondage comme le brigandage de la seule façon qui puisse être efficace, par le développement de la culture morale et du travail.