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mocrate ? Sera-t-ce M. Pendleton ? sera-ce M. Chase ? C’est ce que décidera la convention démocratique qui va se réunir à son tour le 4 juillet à New-Vork. Les deux partis vont se trouver ainsi en présence ; mais, si vive que paraisse devoir être la lutte, si facile qu’il soit d’exciter les susceptibilités du pays contre le danger des prépondérances militaires, toutes les chances semblent être jusqu’ici pour le général Grant, dont le nom résumerait une nouvelle victoire du nord dans ce qu’elle a de moins exclusif et de plus modéré. ch. de mazade.




ESSAIS ET NOTICES.

LES PROBLÈMES PHILOSOPHIQUES.

I. Problèmes de la Nature, par M. Auguste Laugel. — II. Problèmes de la Vie, par le même. III. — Problèmes de l’Âme, par le même. Germer Baillière.

Il est permis de contester à la philosophie le pouvoir de donner des solutions, on ne lui contestera pas le droit de poser des problèmes. Tant qu’il y aura un esprit humain, on ne supprimera pas, quoi qu’on fasse, la curiosité, et ceux qui donnent pour objet à la philosophie l’inconnu lui assignent par là même un domaine assez vaste. Constituer la science de l’inconnu, classer et coordonner les mystères, graduer et échelonner les points d’interrogation serait encore une œuvre digne d’ambition et d’estime, et j’en sais pour qui cette science de l’ignorance aurait encore plus de charme qu’une science plus exacte, mais portant sur de moindre objets. Si les questions sont ici plus difficiles, elles sont aussi plus grandes, et ce que l’on perd d’un côté, on le retrouve de l’autre. Laissons donc aux sciences exactes leurs théorèmes et leurs démonstrations, et contentons-nous des problèmes ; nous ne serons pas encore si mal partagés. C’est donc, à notre avis, une idée ingénieuse de M. Auguste Laugel d’avoir classé toutes ses idées philosophiques sous ces trois titres : Problèmes de la Nature, Problèmes de la Vie, Problèmes de l’Âme. Par là, il se permet à lui-même de beaucoup conjecturer et de ne pas trop affirmer. Il satisfait à la fois son imagination, qui est vive, et son esprit scientifique, qui est réservé. L’une se montre généralement favorable aux solutions les plus nouvelles et les plus hardies, l’autre sait s’arrêter avec circonspection devant les innombrables inconnues que recèlent tous les problèmes dont il nous entretient.

M. Auguste Laugel est un des écrivains qui ont le plus contribué à rapprocher l’une de l’autre la science et la philosophie. Dans un ouvrage antérieur intitulé précisément Science et Philosophie, il a exposé sous une forme brillante et élevée les débats scientifiques de notre temps.