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aide tous les procédés d’investigation qu’il peut imaginer. Il a recours au microscope, et avec le microscope il fait ses plus importantes découvertes; mais pour lui l’instrument destiné à grossir les objets ne dispense ni de l’usage d’autres instrumens, ni de tout autre moyen capable de conduire à la connaissance de la structure ou de la conformation des parties de l’organisme des animaux et des plantes. Malpighi est Italien, mais par ses publications il appartient plus à l’Angleterre qu’à l’Italie. La Société royale de Londres accueille ses ouvrages et les fait imprimer pour la plupart. Cette grande compagnie, n’obéissant qu’aux plus nobles aspirations, ne néglige aucune occasion de servir le progrès de la science; elle reçoit avec le même bonheur toute vérité nouvelle, toute pensée féconde, qu’elle vienne du dedans ou du dehors; elle donne les encouragemens les plus efficaces à des savans étrangers, comme Malpighi, comme Leeuwenhoek, qui n’ont pas dans leur patrie les ressources nécessaires pour publier les résultats de leurs travaux.

Malpighi s’efforça de mettre en évidence la structure intime des organes, et dans plusieurs circonstances il y réussit d’une manière remarquable. Il ne fut pas toujours heureux, il est vrai. Faisant usage de la macération ou de l’ébullition et voyant de la sorte le parenchyme des organes se réduire en globules, il se persuada trop souvent que ces globules étaient de petites glandes; mais laissons les erreurs et rappelons les vérités conquises. Pour tous les yeux, les poumons semblaient formés d’un tissu spongieux. Le savant professeur de Bologne réussit à les étudier en ayant recours à un procédé bien simple : il insufflait de l’air par la trachée, et desséchait ensuite la préparation. Il suffisait alors de couper des tranches minces du tissu ainsi préparé et de porter quelques-uns de ces fragmens sous le microscope, pour constater que le poumon se compose d’une multitude de cellules en continuité avec les bronches. On avait l’idée singulière que le sang et l’air se mêlaient directement dans le poumon. Par l’examen microscopique, il fut aisé de reconnaître que l’air seul pénètre dans les cavités, et que le sang circule dans l’épaisseur des parois des cellules. Si l’observateur avait porté son attention exclusivement sur les poumons de l’homme et des mammifères, les difficultés de la recherche étant excessives, peut-être ne fût-il point parvenu à voir toute la vérité; mais il avait eu la bonne inspiration d’étudier les organes respiratoires infiniment plus simples des reptiles et des batraciens.

En examinant les poumons des grenouilles sur des individus vivans, Malpighi eut un autre bonheur. Après les expériences de Harvey, le passage du sang des artères aux veines ne pouvait être douteux; cependant l’observation directe manquait, il restait une