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tissu muqueux interposé entre la peau et l’épidémie. On le voit, Malpighi tirait déjà un assez bon parti du microscope.

Le patient naturaliste de Bologne ne s’est pas borné à des recherches sur la structure des parties; on lui doit une étude du poulet en voie de formation dans l’œuf, bien préférable aux travaux antérieurs sur le même sujet, et la première étude qui ait été faite de l’organisation d’un insecte. Pour des recherches de ce genre, il n’était pas nécessaire d’avoir des grossissemens considérables; il suffisait d’un microscope simple, ce que nous appelons aujourd’hui une loupe montée. L’insecte choisi par l’habile investigateur est le bombyx du mûrier, le ver à soie. A l’intérêt scientifique semblait s’ajouter un intérêt industriel. Ici, au moment où l’auteur entreprend sa recherche, tout est nouveau; chaque observation devient une découverte. Malpighi étudie l’insecte sous sa forme de larve ou de ver, suivant la mauvaise expression en usage, et ensuite dans sa forme de papillon. Il considère les particularités extérieures de l’animal, puis il examine les organes internes, et tout aussitôt il reconnaît l’appareil respiratoire. L’attention devait s’arrêter sur ce point; une conformation toute spéciale se révélait. Sur les côtés du corps, chez le ver à soie comme chez tout autre insecte, il existe de petites fentes encadrées par une bordure plus ou moins épaisse et colorée; ce sont les orifices servant à l’entrée de l’air, les stigmates dans le langage scientifique. Mais que peuvent être les organes respiratoires dont les orifices occupent une position si particulière? Une observation facile permet de s’éclairer à cet égard. L’insecte est ouvert sous l’eau, comme il convient de le faire pour étudier l’organisation de corps de petite dimension. Alors se montre un système aérifère de l’aspect le plus merveilleux et sans aucune ressemblance avec ce qui existe chez les autres animaux. Des tubes remplis d’air, partagés en rameaux innombrables, disséminés dans toutes les parties du corps, resplendissent sous l’eau comme des arbrisseaux d’argent d’une admirable délicatesse. Sous la loupe, les plus petites parties de ce système se dessinent sur tous les organes avec une incomparable netteté, et dans les parois des plus gros troncs apparaît un fil contourné en spirale, donnant à ces frêles parois une résistance capable de supporter une forte pression de l’air. Telles sont les trachées, l’appareil respiratoire des insectes. Malpighi avait vu la disposition et la structure de ces trachées; il en a parlé avec des expressions admiratives bien justifiées par la beauté de cette structure et par la nouveauté de l’observation.

Une autre découverte importante de l’auteur de la monographie du bombyx est celle du cœur chez les insectes. Les personnes qui