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l’Heureux Repentir, histoire anglaise, à Londres 1765, Francis avait contracté de l’aversion contre les jésuites en Portugal en 1759 et 1760. Ses lettres à son père sont remplies de traits satiriques contre la secte de Loyola. Il est donc possible que le témoin de l’auto-da-fé de Paris ait tiré le fait de son imagination. Ce peut être une fiction associée à ses souvenirs de Portugal. Cependant je ne puis m’empêcher de croire que Francis peut avoir assisté à quelque chose de semblable à ce qu’affirme Bifrons, et c’est pour cela que je viens troubler votre repos.

« Auriez-vous objection à ce que je fisse traduire et publier votre essai sur Junius ? C’est de beaucoup le meilleur résumé de la controverse. Ou bien pourrais-je en publier la traduction comme appendice à mon propre ouvrage ? »


Je m’empressai, comme on le pense bien, d’autoriser M. Parkes à faire de ma prose l’usage qu’il voudrait, et je lui envoyai sur l’exécution des arrêts contre les jésuites les renseignemens que je pus recueillir. S’il m’en souvient bien, il en résultait qu’indépendamment d’autres brûleries ordonnées par les parlemens de Toulouse, de Rouen, de Provence, etc., l’arrêt de celui de Paris du 6 août 1762 avait été exécuté quelques jours après dans la cour du Palais sur cent soixante-quatre ouvrages publiés par la société. Dans l’impossibilité de découvrir ou de constater le fait d’une autre opération pareille postérieure à la paix, M. Parkes s’est décidé à croire que Francis avait fictivement fait assister Bifrons à ce qu’il n’avait qu’entendu raconter.

Une autre lettre qui suivit de près celle dont on vient de lire un fragment donner à un nouvel échantillon de la curieuse exactitude de M. Parkes, et fournira en faveur de la thèse qu’il avait adoptée une preuve ou plutôt un indice qui, je crois, n’a pas été relevé.


« Royal-Hotel, Deal, 27 octobre 1858.

«….. J’ai en vue une autre question à vous transmettre ; si vos moyens d’information vous permettent d’y répondre, vous me rendrez un service dans mes recherches. Une des lettres attribuées à Junius par Woodfall est signée : Un lecteur innocent (an innocent reader), 1771. Je ne doute pas, à l’ironie qui règne dans cette lettre, que Junius n’en soit l’auteur. Il y soutient que l’histoire n’est guère qu’une répétition, un drame dont les acteurs changent et non la fable, et il ajoute que cette observation lui a été suggérée par la lecture du passage suivant d’un moderne auteur français qui dit en parlant de l’empereur Valentinien III : « Le premier soin de cette princesse fut d’inspirer à son fils l’horreur de l’hérésie et le respect pour l’église, qualités très estimables dans un souverain, mais qui ne purent couvrir le vice d’une éducation