lorsqu’il s’était agi d’éteindre les dettes contractées à l’occasion des guerres de 1812, de la campagne du Mexique, des entreprises contre les tribus indiennes. Ces dettes étaient entièrement liquidées en 1860. A peine sortis de la lutte de la sécession, et dès qu’ils ont pu considérer leur situation avec assurance, ils se sont mis résolument à solder leur passif, qui s’élevait à la somme vraiment effrayante de 13 milliards de francs.
On s’étonne souvent chez nous du prix énorme qu’a coûté aux Américains leur guerre civile. On oublie que, tout en prévoyant depuis quelque temps une crise, ils n’avaient fait aucun préparatif pour réduire les rebelles par la force. Au moment où fut déclarée la sécession de la Caroline du sud, bientôt suivie de celle des autres états à esclaves, les parties de l’Union restées fidèles au pacte fédéral n’avaient ni armée, ni vaisseaux, ni approvisionnemens ; les arsenaux étaient vides : l’administration précédente, passive ou complice, avait laissé transférer dans les forts du sud le peu de munitions que comportait la petite armée de 13,000 hommes de la confédération. La plupart des officiers, issus de familles sudistes, suivirent la fortune de leurs états et désertèrent le drapeau étoile. La flotte était dispersée sur toutes les mers du globe, les navires de guerre en construction se trouvaient sur les chantiers de Norfolk, en Virginie. Il fallut organiser, équiper, entretenir et ravitailler pendant quatre ans deux armées formidables, celle de Virginie et celle de l’Ouest, sans compter les nombreux corps divisionnaires qui opéraient entre les deux ; il fallut lancer sur l’Océan et dans le golfe du Mexique des flottes en état de bloquer des côtes non moins étendues que celles de tout le continent européen. Pour faire face à ses dépenses ordinaires, la république s’était contentée jusque-là des recettes des douanes. Les ressources qu’elles fournissaient furent promptement épuisées. On établit alors pour la première fois des contributions intérieures sur les produits de l’industrie nationale, on augmenta les droits d’importation jusqu’à les rendre entièrement prohibitifs, enfin on eut recours à des emprunts, votés au fur et à mesure des besoins, remboursables à des échéances diverses, et qui furent tous rapidement couverts malgré la dépréciation dont le papier des États-Unis était frappé en raison et en proportion de la multiplicité des appels faits par eux au crédit. On émit d’abord les 5-20, titres ainsi appelés parce que le gouvernement avait cinq ans au moins, vingt ans au plus pour les rembourser, puis les 10-40, dont le remboursement devait avoir lieu dans un délai fixé entre dix et quarante années. L’intérêt et le capital de ces emprunts, dont le total s’élevait à 5 milliards 500 millions de francs environ, devaient être soldés en or. Le congrès autorisa ensuite le gouvernement à faire entrer dans la circulation pour 2 milliards 500 millions de francs de papier-monnaie. Ce papier, avait cours forcé, et il était assimilé à l’or pour tous les paiemens, sauf pour les droits d’importation, qui devaient être acquittés en numéraire. On