des billets du trésor, et, si le gouvernement parvenait à joindre la reprise des paiemens en espèces à la réduction graduelle du papier-monnaie, ces billets ne tarderaient point à revenir au pair, comme ils y étaient avant la guerre civile. Il y a quelque temps, le congrès a semblé pencher vers les adversaires du ministre des finances. Il a retiré à ce dernier la faculté de réduire le papier-monnaie en circulation ; mais il ne faut pas attribuer une portée exagérée à une mesure toute temporaire. Le congrès n’a pas entendu condamner le système, il a voulu parer par cet expédient à une insuffisance éventuelle des rentrées budgétaires.
Cette question de la circulation fiduciaire, que l’on a pu considérer jusqu’ici comme reléguée au second plan, tend à prendre une importance capitale. Le temps n’est pas éloigné où les billets remboursables en papier-monnaie, c’est-à-dire les seven-thirties (7-30 et 7-3-10) seront entièrement retirés de la circulation, et où l’on n’aura plus à amortir que les 5-20 et les 10-40, remboursables en or. Il devient essentiel, afin de diminuer les charges du trésor, que la prime sur l’or diminue, et que par conséquent la valeur du papier-monnaie s’élève. La seconde question, non moins grave, qui se pose devant les États-Unis, c’est celle des tarifs de douane. Les pays manufacturiers du nord ont profité pour les établir du moment où ils disposaient presque seuls de la puissance législative. Aujourd’hui ils ne sauraient, sans oppression et sans imprudence, rester inébranlables dans un système de prohibitions dont souffrent les états du sud et de l’ouest. C’est le. seul point où il semble qu’il y ait lieu de modifier la marche adoptée pour combler rapidement le déficit créé par la guerre. Sur tout le reste, on ne peut que souhaiter à la grande république américaine de continuer par les mêmes moyens l’œuvre si énergiquement commencée depuis trois ans.
GEORGE ODILON-BARROT