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la renouveler en 1867. La formation de la commission ouvrière pour l’exposition de Londres avait eu comme un caractère d’initiative de la part des ouvriers, si bien même que, malgré l’entente établie avec la commission impériale, les élections avaient failli être interdites par la préfecture de police, mal renseignée ou mal disposée, et qu’il avait fallu, comme on dit, une haute intervention pour lever les difficultés. La commission impériale chargée de présider à l’exposition de 1867 crut devoir prendre les devans. Elle institua une commission d’encouragement « pour les études à entreprendre par les ouvriers, contre-maîtres et coopérateurs divers de l’agriculture et de l’industrie. » Un arrêté du ministre d’état, en date du 29 novembre 1866, désigna les membres de la commission et en détermina les fonctions. Elle devait provoquer les souscriptions, centraliser et administrer les fonds qui lui seraient adressés de Paris et des départemens, en vue de faciliter par tous les moyens possibles les visites des ouvriers à l’exposition. Elle devait enfin publier les rapports qui seraient rédigés par les délégués des corps de métiers. Les ouvriers témoignèrent d’abord une certaine défiance à l’égard de la commission d’encouragement; ils craignaient d’être trop protégés, trop guidés. Cependant quelques-uns d’entre eux en vinrent à échanger des explications satisfaisantes avec les membres de la commission. Ceux-ci entendaient leur fonction de la façon la plus large. « Faites par vous-mêmes, disaient-ils aux ouvriers, tout ce que vous pourrez faire; nous n’interviendrons que dans les choses où vous le jugerez utile. »

Les ouvriers se réunirent, en vertu d’autorisations spéciales, pour désigner leurs délégués. L’ordre le plus parfait régna dans les réunions électorales. Les membres de chaque assemblée constituèrent comme ils l’entendirent leur bureau provisoire et leur bureau définitif; 114 corps de métiers prirent part au scrutin, et nommèrent 354 représentans. La commission d’encouragement délivra à ces délégués des billets d’entrée au Champ de Mars, valables pour une semaine; elle leur alloua une indemnité calculée d’après le nombre de journées où ils perdaient la paie de leur atelier. Tous les ouvriers qui prirent part au scrutin reçurent, par les mains du président de leur bureau, un billet d’entrée gratuit à l’exposition. Il fallait d’ailleurs s’occuper non-seulement de la population ouvrière de Paris, mais aussi des nombreux visiteurs qui affluaient de la province. La commission d’encouragement se mit en rapport avec les comités qui s’étaient formés dans les départemens pour faciliter le voyage des travailleurs. Elle fit établir au Champ de Mars un immense restaurant populaire où 3,600 repas furent distribués chaque jour au prix moyen de 1 fr. 40 c. Des baraquemens furent