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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/887

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le théologien Bol pour fêter dans sa petite chambre cet anniversaire toujours célébré dans les familles hollandaises, et où l’on envoie à ses amis et amies une foule de cadeaux sous forme de surprises. Au moment où les sept jeunes gens s’attendaient à recevoir les gâteaux commandés par l’amphitryon et à leur faire honneur avec leur appétit de vingt ans, une corbeille fermée est déposée entre leurs mains, et il se trouve qu’elle renferme une petite fille de quelques jours à peine. Le premier volume est tout rempli par des scènes de la vie d’étudiant et par le récit des mesures prises pour assurer à l’enfant d’abord une nourrice, puis une éducation convenable. Un lecteur qui examine de près ce qu’il lit remarquera aisément l’art avec lequel, dans les caractères, le langage et les idées de ses personnages, le romancier a indiqué des nuances encore fondues dans l’uniformité de la jeunesse, et qui deviendront plus tard autant de couleurs bien tranchées.

Le second volume nous transporte en pleine villégiature hollandaise. Le beau village de Hardestein, avec ses riches villas, ses chemins ombreux et ses jardins parfumés, sert de cadre aux amours de notre héroïne Nicolette Pléiade. Elle a été ainsi baptisée du nom du saint qui avait présidé à son adoption, joint au titre peu modeste que s’était adjugé le club d’étudians réunis dix-huit ans auparavant chez Bol, à présent pasteur de ce village et recevant dans son presbytère Nicolette, devenue une charmante jeune fille. Son ancien camarade, le comte d’Eylar, premier personnage de l’endroit, l’a prise aussi en affection, mais ne tarde pas à trembler quand il voit son frère, le jeune vicomte Maurice, s’éprendre d’elle avec une vivacité qui lui inspire l’idée de l’envoyer aussi vite que possible chez un autre de ses pères adoptifs, le riche van Zirik, de La Haye, où elle entre comme gouvernante des petites filles.

De nouveau la scène change, et nous voici transportés au sein d’une société moins distinguée à tous égards que celle de Hardestein. La pauvre enfant a le malheur de tomber sous la direction d’un parvenu vaniteux et imbécile, entièrement gouverné par une femme vindicative et passionnée, qui pousse l’inconduite jusqu’à l’adultère éhonté, et qui, furieuse de voir adresser à Nicolette des hommages qui ne lui semblent dus qu’à elle-même, se prend pour l’innocente jeune fille d’une haine implacable, et trame avec un agent de la police un horrible complot dont le résultat est que Nicolette est jetée sans s’en apercevoir dans un mauvais lieu, y tombe malade, y reste plus d’un mois forcément et avec toutes les apparences de s’y être rendue de propos délibéré. Tous ses anciens amis et protecteurs la regardent comme une fille perdue et ne veulent même plus l’écouter lorsque, sortie pure à force de courage et d’é-