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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/954

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que par deux choses, les chemins de fer et la télégraphie électrique. Le jour où ces deux importantes découvertes ont eu dans le monde leur application, une application un peu étendue, il y a eu pour le développement des affaires un stimulant comme on n’en avait jamais connu à aucune époque, et ce qu’il y a de remarquable, c’est la coïncidence de ces deux découvertes avec celle des mines de la Californie et de l’Australie. Sans ces mines, on aurait certainement fait des chemins de fer, on les avait commencés auparavant, mais on les aurait faits beaucoup moins vite, et on n’aurait pu y consacrer de 3 à 400 millions par an, comme nous le faisons en France depuis plus de quinze ans. Et puis quelle différence dans les résultats! Les transactions n’auraient pas pris le développement que nous voyons, si elles n’avaient pas trouvé une base solide dans l’augmentation des métaux précieux. Les mines d’or sont arrivées juste à point pour donner aux chemins de fer et à la télégraphie électrique toute la fécondité qu’ils pouvaient avoir. D’un autre côté, si l’or, avec la quantité qui en a été fournie tout à coup, fût venu isolément, sans coïncidence avec des moyens de communication et de transport plus rapides, il n’aurait pas été absorbé aussi facilement, il se serait déprécié, et il n’aurait pas produit sur les affaires l’effet qu’il a produit. L’or de la Californie et de l’Australie a servi à étendre les chemins de fer, et ceux-ci à leur tour, par l’influence qu’ils ont exercée sur le commerce, ont procuré des débouchés à l’or; c’est ainsi que les progrès sont liés les uns aux autres, et que l’humanité s’avance à travers toutes les découvertes vers un idéal de civilisation que nous ne connaissons pas.

Voyons maintenant par des chiffres comment on peut se rendre compte de l’emploi du supplément de numéraire depuis 1851. Tout le monde sait que les affaires se sont beaucoup développées à partir de cette époque; mais on ignore généralement dans quelles proportions, et c’est un point très important à mettre en lumière. En 1851, au moment où commençait l’exploitation des mines de l’Australie, à la veille d’un changement politique considérable qui eut lieu en France, le commerce extérieur et spécial de notre pays, exportation et importation réunies, en dehors du mouvement des métaux précieux, était de moins de 2 milliards (1,923 millions). Il a été de plus de 6 milliards dans l’année 1867, qui fut mauvaise, et il atteint 7 milliards et demi avec le mouvement des métaux précieux. Le chiffre des opérations de la Banque de France s’est élevé de 1 milliard 592 millions en 1851 à 7 milliards 372 millions en 1867, après avoir atteint 8 milliards 292 millions en 1866.

Ces chiffres sont significatifs, ils donnent la mesure du développement des affaires; elles auraient donc plus que triplé depuis