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L’ENSEIGNEMENT POPULAIRE
DES ARTS DU DESSIN
II.
LES ÉCOLES D’ART PROFESSIONNEL EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER.

Avant de continuer à examiner ici dans quel état est l’enseignement élémentaire du dessin et jusqu’à quel point on le propage dans les divers pays, il faut s’arrêter un instant et considérer de quelle manière il est conçu et dirigé chez nous, quelles en sont notamment les parties faibles, les défaillances et les lacunes[1]. Dans les centres d’activité et de mouvement, dans les grandes villes, on se rend un compte assez exact du changement qui modifie peu à peu l’existence et les habitudes de l’ouvrier. À mesure que des engins nouveaux, des artisans aux muscles de fer, accomplissent sa besogne, l’ouvrier doit savoir davantage ; il se fait étudiant, et cette transformation est même plus rapide qu’on ne l’aurait d’abord pensé. — Quelle apparence, objectait-on lorsque furent fondés les premiers cours d’adultes, quelle apparence que ceux qui ont donné douze heures au travail, sans compter le trajet à l’atelier et le temps des repas, trouvent encore du loisir pour venir s’asseoir sur vos bancs et recommencer l’étude ? Ils succomberont au sommeil. L’ignorance est une loi fatale pour l’artisan. — Les hommes qui parlaient ainsi semblaient avoir toutes les probabilités pour eux. Les

  1. Voyez la Revue du 1e septembre 1868.