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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/129

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DIANE.

Toujours méchant!

HENRI.

Baronne, j’ai fait vœu d’être méchant tant que les femmes seront cruelles. Comment vont nos amis communs?

DIANE.

Mais... je ne sais. Le monde n’est pas encore rentré, je suppose. Et vous-même, d’où venez-vous ainsi ?

HENRI.

Je fus en déplacement de chasse durant cette saison d’automne chez quelques gentilshommes de mon intimité, s’il m’est permis d’emprunter le beau style des journaux de mode à la mode.

DIANE.

Vous avez laissé votre sœur en Tour aine ?

HENRI.

Avec ses huit enfans et mon patriarche de beau-frère, tous dans la Loire jusqu’aux oreilles; mais patience, ça monte encore.

DIANE.

Vous ne prendrez donc jamais rien au sérieux?

HENRI.

Tout dépend de la place où vous mettez le sérieux, chère amie.

DIANE.

Nulle part... avec vous.

HENRI.

Faut-il vous avouer un soupçon ?

DIANE.

Si vous y tenez énormément...

HENRI.

Eh bien! baronne, malgré votre futilité apparente...

DIANE.

Grand merci 1

HENRI.

Je vous tiens pour une femme de la plus haute intelligence et du cœur, passez-moi le mot, le plus vaillant et le plus droit.

DIANE.

Quelques personnes veulent bien m’honorer d’une certaine estime.

HENRI.

Vous méritez cela d’abord, et de plus l’homme qui vous aimerait tout de bon ne ferait pas une mauvaise affaire.

DIANE.

Quand ces messieurs reviennent de la chasse, ils sont d’une indulgence sans égale pour les défauts du sexe féminin.