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HENRI.

Eh bien ! apprenez tout. Ce matin, quand je l’ai vu tremblant comme la feuille à l’idée d’implorer le consentement de son père, je me suis révolté, je l’ai flétri ; non-seulement je lui ai reproché son ingratitude et sa mauvaise foi, mais je l’ai traité de lâche ! Et il m’a laissé dire.

DIANE.

C’est impossible ! Un homme que j’ai aimé !

HENRI.

Je vous le jure !

DIANE.

Qu’a-t-il fait?

HENRI.

Pas grand’ chose, il a pleuré.

DIANE.

Et vous?

HENRI.

Moi?

DIANE.

Oui. Vous avez dû rire.

HENRI.

Pourquoi ?

DIANE.

Parce que telle est votre humeur, et que vous semblez homme à prendre gaîment toute chose.

HENRI.

Ne parlons pas de moi, je vous en prie. Si je m’y mets, j’en dirai trop. Mieux vaut me taire, ici surtout.

DIANE.

Vous m’intriguez terriblement. Je pensais vous connaître un peu. Y aurait-il par hasard un autre M. de Rouvray sous celui que le monde admire ?

HENRI.

Et vous aussi, vous me croyez tout en surface?

DIANE.

Non, mais je sais de vous ce que vous en avez fait paraître.

HENRI.

Soit, à votre aise. Ne cherchez point au-delà. Je suis un étourdi, un viveur, un homme de club et d’avant-scène, tout aux plaisirs faciles, qui, grâce à Dieu, ne chôment jamais à Paris, incapable d’aimer, n’est-ce pas? c’est convenu; je m’amuse.

DIANE.

Je ne dis pas cela.