Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE COMTE DE X... A L’ABBÉ LEROUX, AU PALAIS ÉPISCOPAL.

Ce que vous me mandez au sujet de la santé de monseigneur, mon cher abbé Leroux, nous comble de joie; Les souffrances ont enfin cessé : Dieu soit béni! car c’est bien plutôt à l’intercession de la Providence qu’à la science humaine qu’il faut attribuer cet heureux résultat.

Le docteur Vincent, — je ne conteste pas son habileté de praticien, — n’est-il pas un libre penseur,... je ne sais,... un matériau liste? J’en ai entendu beaucoup parler lors de mon dernier voyage à Paris, ce me semble. Il a publié des brochures, émis et soutenu des théories... Monseigneur a dû singulièrement souffrir à l’idée d’appeler à son chevet un homme aussi tristement célèbre ; mais ce n’est point à nous d’apprécier les intentions de la Providence et de discuter la valeur des instrumens dont elle se sert pour arriver à ses fins.

Après la crise douloureuse que notre cher pasteur vient de traverser, ne pensez-vous. pas qu’une semaine ou deux à la campagne lui feraient grand bien ? Doublement épuisé par les souffrances physiques et par les soucis toujours croissans de son. administration pastorale, ne pensez-vous pas, dis-je, qu’un peu de calme et de repos lui serait salutaire ?

La. petite chapelle de Sainte-Croix se parerait de ses plus belles fleurs, et monseigneur sait de reste que son appartement est toujours préparé pour le recevoir. Je n’ai pas besoin de vous parler de notre reconnaissance.. La saison s’annonce bien; déjà les fleurs s’entr’ ouvrent au soleil, et vous savez mieux que personne, mon cher abbé, vous qui avez conservé dans votre cœur le sentiment de la nature, vous savez combien sont délicieuses ces premières promesses de l’été.

Puisque nous parlons campagne, laissez-moi vous dire en passant que vous êtes un peu sévère pour ce bon abbé Derval, que nous aimons tous deux, et qui n’a fait que vous transmettre fidèlement mes paroles. En voyant l’autre jour votre petite propriété, dont vous tirez, je crois, un bien mince profit, l’idée me vint de vous en proposer l’acquisition. Excusez-moi de vous parler affaires, mais j’ai pensé que la vente de ce morceau de terre pourrait être agréée par vous. L’enclos est enclavé dans mon parc, et pourrait y être joint. Ce ne sont là au reste que propos en l’air, et si j’en ai parlé à l’abbé Derval, c’est qu’il pourrait y avoir pour vous double avantage dans cette petite transaction, avantage à vous débarrasser d’un bien presque improductif dont l’administration, pour n’être pas fort compliquée, n’en est pas moins en dehors de vos préoccupations ordinaires, avantage à profiter de la plus-value que donne à votre