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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/361

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France. Si on évalue cette circulation à 5 milliards, ce serait 450 millions. Ajoutons-y 350 millions pour la réserve toute particulière que possède en ce métal la Banque de France, nous voilà à 800 millions. Au prix actuel de l’argent par rapport à l’or, on ne perdrait guère à le démonétiser que les frais qu’on a déjà faits pour le monnayer et ceux qu’il faudrait refaire pour le remplacer par de l’or, en supposant que le remplacement ait lieu jusqu’à due concurrence. A raison de 1 fr. 50 par kilogramme d’argent et de 6 fr. 70 par kilogramme d’or sur une somme de 800 millions, cela constituerait une perte d’environ 17 ou 18 millions. Ce chiffre est gros assurément, vu l’état de nos finances; mais il ne peut pas nous arrêter en présence d’une réforme dont l’urgence nous paraît démontrée, et d’ailleurs on trouverait des compensations dans les profits qu’on tirerait de l’adoption d’autres mesures qui seraient le corollaire indispensable de celle-ci, et dont il nous reste à parler.


IV.

Sur les 69 trésoriers-payeurs-généraux qui se sont prononcés en faveur de l’étalon d’or exclusif, 55 ont demandé le billonnage de la pièce de 5 francs d’argent au titre de 835 millièmes, qui est celui de la monnaie divisionnaire; ils voudraient que, comme celle-ci, elle ne fût plus qu’une monnaie d’appoint qu’on ne pourrait imposer dans les paiemens au-delà d’un certain chiffre. Ils se sont fondés sur ce que la pièce de 5 francs en or n’est pas très bien accueillie dans les campagnes, qu’elle paraît trop petite, glisse facilement des mains, et qu’elle ne se distingue pas assez de la pièce supérieure de 10 francs. Cette considération a incontestablement de la valeur; mais on peut y avoir égard sans pour cela billonner la pièce de 5 francs. C’est toujours une chose grave que de fabriquer de la fausse monnaie, car en définitive une monnaie dont on abaisse le titre n’a plus en réalité la valeur qu’on lui assigne. On a beau dire qu’elle n’est destinée qu’à des usages secondaires, qu’elle ne constitue pas la base monétaire d’un pays, que toutes les transactions se font en vue de l’instrument d’échange principal, qui, lui, conserve toute sa pureté : il n’en est pas moins vrai que, pour ne pas apporter de trouble dans les rapports commerciaux, cette monnaie, même accessoire, doit être extrêmement limitée et ne pas dépasser les besoins. Déjà aujourd’hui, malgré les précautions qui ont été prises par la convention de 1865 au sujet de la monnaie divisionnaire, précautions qui ont réglé non-seulement ce qu’on serait obligé d’en recevoir dans les paiemens, mais même ce que chaque pays faisant partie de la convention aurait le droit