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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/418

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teindre 70,000 hectares à la fin de 1867. C’est une moyenne de 10,000 hectares par an. Il faudrait arriver au moins au double pour que l’effet fût sensible. L’étendue des terrains à reboiser dépasse 1 million d’hectares; à 10,000 hectares par an, on en aurait pour un siècle. Il ne faut pas d’ailleurs oublier que les ravages continuent. Avant de reboiser les parties dénudées, il importerait d’arrêter la destruction de ce qui subsiste. D’un autre côté, on se plaint sur quelques points que la loi sur le reboisement s’exécute avec trop de rigueur, en réduisant outre mesure les pâturages. Il est difficile de concilier les deux intérêts, puisque le pâturage est la principale cause du mal. L’administration pourrait seulement faire une plus large application du principe d’indemnité à ceux qui se trouvent privés de leurs pâturages pendant un temps plus ou moins long, ou même avoir recours, dans les cas extrêmes, à l’expropriation pour cause d’utilité publique.

La partie du rapport qui traite de l’état actuel de la production porte l’empreinte de l’optimisme administratif. « Il est un fait hors de doute, y est-il dit, constaté depuis nombre d’années par tous ceux qui s’occupent d’intérêts agricoles, et confirmé de la manière la plus positive par tous les résultats de l’enquête, c’est que les progrès de l’agriculture depuis une trentaine d’années ont été extrêmement considérables aussi bien en France qu’à l’étranger. Le perfectionnement des méthodes culturales, la diminution progressive de la jachère morte, les modifications intelligentes apportées dans les assolemens, l’extension des cultures fourragères, la production de plus en plus développée du bétail et du fumier, l’introduction des cultures industrielles, ont eu pour effet d’accroître les produits, de donner une vive impulsion à notre commerce en lui créant des élémens plus abondans de trafic soit à l’intérieur, soit avec les contrées étrangères, et enfin, comme conséquence naturelle de tous ces faits, d’augmenter dans une large mesure les bénéfices légitimes et le bien-être de notre agriculture. » Ce brillant tableau n’est vrai qu’en partie. Il est certain qu’en effet l’agriculture a fait de grands progrès depuis trente ans; on aurait dû même, pour être tout à fait juste, dire depuis cinquante, car le véritable point de départ date de 1816, après la paix générale. Dans le cours de ce demi-siècle, notre agriculture a doublé ses produits; mais cet intervalle se divise en deux périodes bien distinctes : la première comprend les trente ans écoulés de 1816 à 1857, et dans celle-là les progrès ont été constans et rapides; la seconde comprend les vingt ans écoulés de 1848 à 1867, et dans celle-ci les progrès se sont ralentis; or c’est précisément sur cette seconde période qu’a dû porter l’enquête.

Les démonstrations de ce fait sont nombreuses. Le commissaire--