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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/509

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litique, depuis deux ans, de la fermeté, de la tenue, un esprit modéré et impartial, et il n’a laissé voir qu’une idée fixe, celle de maintenir la paix et la liberté : beau programme assurément, dont la réalisation suffit à la gloire d’un président des États-Unis, car pour le reste les Américains s’en chargent et n’ont pas besoin qu’un chef fasse leurs affaires. ch. de mazade.




THÉATRES.

Chaque théâtre prépare sa campagne d’hiver, monte sa pièce capitale de fin d’année. En attendant le moment d’engager cette grande partie, il tâte le public et le tient en haleine en lui offrant des ouvrages de moindre importance. Le public du reste n’a point à se plaindre, et il est tel de ces spectacles intérimaires oi il s’amuse de bon cœur. En même temps qu’il reprenait des pièces consacrées par le succès, Mercadet entre autres et Paul Forestier, le Théâtre-Français nous a donné un proverbe de MM. About et de Najac. Le Gymnase de son côté doit à une série de jolies pièces en un acte d’heureuses soirées. Bien que Mercadet affrontât de nouveau le feu de la rampe après une assez longue disparition, il n’y avait point de doute que, discrètement allégé de quelques enchevêtremens inutiles, il ne se tirât avec honneur de cette seconde épreuve. C’est le meilleur ouvrage dramatique de ce talent vigoureux, quelquefois théâtral, mais presque jamais scénique, dont les romans contiennent de si saisissans tableaux de la société d’il y a trente ans. Certes ce n’est pas une pièce de tous points excellente. On aurait beau jeu d’y relever les écarts d’une imagination riche, inquiète, à l’étroit dans les trois actes où elle doit se renfermer. On n’en est pas moins subjugué par la vérité de cette figure de spéculateur aux abois et par la verve intarissable du dialogue. Les invraisemblances mêmes d’une action au moins bizarre ne frappent qu’à la réflexion, tant les scènes où elles se déroulent sont brillantes de détail et saisissantes de justesse. M. Got a pris le rôle de Mercadet d’une tout autre façon que jadis M. Geoffroy au Gymnase, et nous ne saurions lui en faire un reproche, car un acteur a toujours le droit de donner à un rôle la physionomie la plus appropriée à la nature de son talent.

Avant que le rideau ne se relevât pour la représentation de Mercadet, le public avait déjà eu à juger la petite pièce de MM. About et de Najac, une Histoire ancienne. C’était comme un jeune page précédant un vieux