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sincère de ce grand parti républicain modéré qui depuis plusieurs années suivait les radicaux sans les croire, et qui commençait maintenant à les dominer à son tour.

Il en fut de même sur la question financière ; les partisans de la banqueroute n’osèrent même pas élever la voix. En revanche, on accueillit avec des transports d’allégresse la résolution qui dénonçait « toute forme de répudiation comme un crime contre la patrie ; » et déclarait que « l’honneur national exigeait le paiement intégral de la dette publique à tous les créanciers de l’état, nationaux ou étrangers, non-seulement suivant la lettre, mais encore suivant l’esprit des lois qui l’avaient fondée. » À cette déclaration solennelle s’en joignaient deux autres qui la développaient : l’une recommandait l’extension du terme de la dette à un plus grand nombre d’années pour faciliter le remboursement ainsi que la réduction de. l’intérêt par tous les moyens honnêtes. « La meilleure façon, disait l’autre, de diminuer le fardeau de la dette, c’est d’améliorer le crédit public, de sorte que les capitalistes offrent leur argent au trésor à un taux d’intérêt moins élevé. » L’assemblée se prononçait enfin pour l’égalisation et la réduction des taxes au moyen d’une répartition plus équitable aussitôt que cela se pourrait faire sans violer les engagemens de l’état. On remarqua que, par un raffinement de prudence, les résolutions étaient muettes sur le compte du papier-monnaie, et que le mot de paiement en or n’y était même pas une seule fois prononcé ; mais, malgré cette omission volontaire, le sens de ce manifeste était trop clair pour qu’il fût possible de s’y tromper. Paiement intégral de la dette, émission de nouveaux emprunts à meilleur compte, égalisation des impôts sans toucher aux droits acquis, c’était tout le système de M. Mac-Culloch qui se trouvait consacré par l’adoption du parti républicain. — Une résolution pour le maintien des primes et pensions accordées aux défenseurs de la patrie assurait aux républicains l’appui de tous les soldats vétérans, enfin la convention déclarait qu’il fallait encourager l’immigration étrangère, et « proclamait sa sympathie pour tous les peuples opprimés qui luttaient pour leurs droits. » C’était là le petit bout de flatterie d’usage que tous les partis ne manquent jamais d’adresser en Amérique à la population irlandaise.

Telle était la bannière que déployait la convention de. Chicago. Restait à choisir l’homme qui devait recevoir en dépôt cette bannière, et, suivant le style pompeux et imagé de la politique américaine, devenir le « porte-drapeau » du parti. Ici encore les radicaux extrêmes subirent un échec sensible. Ils n’essayèrent même pas de disputer la candidature au général Grant. Les présidens des délégations de chaque état vinrent répéter l’un après l’autre, au