Le monnayage est de prérogative souveraine. C’est en vertu de ce vieil axiome du droit coutumier, vrai encore aujourd’hui, que les communes, les villes, les seigneurs, faisaient battre monnaie autrefois, et c’est contre ce privilège dont chacun se montrait particulièrement jaloux que vint se briser l’excellente volonté de Philippe le Long, lorsque vers 1321 il tenta d’établir dans son royaume l’unité des monnaies, des poids et des mesures, idée simple et pratique qui devait attendre la révolution de 1789 pour triompher et s’imposer peu à peu à la nation tout entière. Bien des rois de France, pressés par des besoins urgens, ont altéré les monnaies, fixant d’une façon arbitraire le taux du marc d’or ou d’argent, et réalisant ainsi des bénéfices considérables au détriment de leurs sujets. Les premiers Valois ont mérité dans l’histoire le triste surnom de faux monnayeurs, et les peuples leur ont souvent redemandé en vain « la forte monnoye du bon roy sainct Louys. » Soit qu’ils voulussent gagner sur la monnaie, soit qu’ils voulussent au contraire lui assurer un titre et un poids réguliers, les rois ont toujours eu intérêt à faire surveiller de près la fabrication des espèces métalliques ; aussi tous les gouvernemens l’ont-ils soumise à un contrôle absolu. Dans les premiers temps de la monarchie, la monnoye se fabrique au palais même, et pendant leurs voyages les rois emmènent les monnayeurs avec eux. Plus tard, les ateliers furent situés au Marais, sur l’emplacement qu’occupe probablement aujourd’hui la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie ; Henri II les fit installer au logis des Étuves, sorte de palais, qu’il possédait dans la Cité sur les anciens jardins de Philippe le Bel, à l’endroit où s’étend de nos jours la place Dauphine ; mais cet établissement fut dès 1585 presque
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L’HÔTEL DES MONNAIES