végétal ; un autre, l’Euterpe montana de la Nouvelle-Grenade, dont le tronc est renflé à la base, porte des feuilles pennées de trois mètres de longueur. Tous rivalisent d’élégance avec les fougères en arbre de l’Australie, qui les avoisinent. Mentionnons encore quelques arbres utiles. On trouve là le cacaoyer, dont les graines torréfiées servent à faire le chocolat ; les fleurs se développent non à l’extrémité des rameaux, mais sur le bois du tronc et des branches, comme celles de l’arbre de Judée, et les jeunes feuilles ont une teinte bronzée qui contraste agréablement avec la verdure qui les environne. Le papayer donne dans les régions tropicales un fruit comestible ; on a essayé de l’introduire à Biskra, dans la région saharienne de l’Algérie. Enfin, pour honorer la mémoire de la reine à laquelle les jardins de Kew doivent tant de beaux arbres exotiques, un magnifique Strelitzia augusta de 8 mètres de haut s’élève en éventail jusqu’au toit de la serre.
En sortant du Grecian conservatory, une allée bordée de cèdres déodoras conduit vers la grande pièce d’eau. Le long de cette allée, des corbeilles de fleurs offrent des modèles de toutes les combinaisons de couleurs auxquelles se prêtent les espèces horticoles les plus répandues, et de beaux groupes de rhododendrons, rappelant ceux des Champs-Elysées de Paris, s’élèvent au milieu d’un gazon toujours vert. L’aquarium est aussi appelé Victoria house du nom de la plus magnifique des plantes aquatiques. Découverte en 1828 dans le’Rio de la Plata, près de Corrientès, par d’Orbigny, la Victoria regia est cultivée avec succès en Europe depuis 1849. Ses larges feuilles rondes flottant à la surface de l’eau peuvent atteindre 4 mètres de diamètre, et supportent dans leur pays natal les oiseaux aquatiques aux longues jambes et au plumage coloré qui, guettant leur proie, se tiennent immobiles, perchés sur ce piédestal naturel. La fleur a 25 centimètres de diamètre, elle s’ouvre la nuit et se ferme le jour. Le botaniste anglais Lindley dédia cette magnifique nymphéacée, retrouvée par sir Robert Schomburgh dans la Guyane anglaise, à la reine Victoria, digne de cet hommage par l’abandon qu’elle a fait à la science des jardins de Kew ; aussi les botanistes n’ont-ils pas réclamé, quoique la plante rentrât comme simple espèce dans le genre Euryale, établi antérieurement par Salisbury. Près de la Victoria regia, le nelumbo ou lotus de l’Inde élève ses grandes feuilles au-dessus des eaux ; mais une seule fleur pâle, maladive, étiolée, témoignait, lors de ma visite, des souffrances de la plante. Ce n’est pas la chaleur qui lui manque, c’est la lumière. La houille peut remplacer la chaleur, mais elle ne supplée pas à la lumière du soleil de l’Inde. A Montpellier, cette plante fleurit en plein air dans les bassins du Jardin des plantes. Jadis le nelumbo