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landaise. Là aussi se montre la ténacité avec laquelle le type hollandais résiste aux causes de destruction. L’effrayante puissance d’absorption de la grande république anglo-saxonne ne parvient que très lentement à désagréger les élémens hollandais condensés sur plusieurs points de l’Union; mais au Cap et dans les républiques voisines de Natal et d’Orange on peut dire que le type hollandais l’emporte désormais pour toujours. Le Cap n’est colonie anglaise qu’officiellement. En réalité, c’est un pays hollandais entouré d’états similaires, et les futurs États-Unis de l’Afrique méridionale seront hollandais dans le même sens que les États-Unis de l’Amérique du Nord sont anglais.

Cet aperçu à vol d’oiseau de l’histoire d’une nationalité qui compte plus qu’on ne le croit d’ordinaire dans le développement de la civilisation générale explique et justifie l’intérêt qui s’attache à l’étude d’un auteur populaire entre tous au sein des agglomérations diverses où la langue néerlandaise est la langue usuelle. Les œuvres de Jacob Cats, dont le nom est à peu près inconnu en dehors de la Hollande et des pays de même langue, trônent à côté de la Bible dans les affections des vieilles familles néerlandaises. On a souvent désigné l’in-folio qui contient ses nombreux ouvrages sous le titre de la Seconde Bible du peuple hollandais, et ce titre n’a rien d’exagéré. Poète moraliste par excellence, chantre de la vie de famille et de la vie agricole, — cette autre passion de ce peuple singulier qui n’est pas volontiers soldat, mais qui cultive comme il navigue, avec passion, — Jacob Cats représente, je ne dis pas précisément les plus grands côtés, mais la moyenne honnête, sensée, pratique avant tout, du caractère national. Ses œuvres abondent en conseils, en remarques, en maximes, en historiettes, dont l’application à la vie quotidienne est immédiate et continue. Son in-folio, que des réimpressions nombreuses[1] ont répandu partout, se voit chez les pauvres et les riches, à la campagne comme à la ville. Il y en a long, très long à lire, et quand c’est fini, on peut recommencer. On y trouve toujours du nouveau. Quand les enfans ont été sages pendant la semaine, le père ou la mère leur montre le dimanche ce gros livre étrange où il y a des seigneurs et des belles dames, des monstres et des fous, des mains mystérieuses et des jardins, et tout cela si drôle, prêtant à tant d’histoires! Toutefois, vu le temps encore assez grossier où l’ouvrage a été écrit et le genre de sujets qu’il traite, la revue d’une partie des images terminée,

  1. Il en est une toute récente, avec gravures, duc aux soins de M. le professeur van Vloten. Il existe aussi des éditions sans gravures, par conséquent à très bas prix; mais je suis sur ce point de l’avis des enfans, on verra bientôt pourquoi. Comme eux, Je trouve bien plus de charme aux éditions qui en sont ornées.