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LA SERBIE
AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE

IV. Milosch Obrenovitch, prince des Serbes.

« Oui, mon père a commis de grandes fautes pendant son règne de vingt-cinq ans. Il a des vices plus qu’un homme n’en a d’ordinaire : c’est possible ;… mais le prince Milosch est un grand homme, il s’est placé au rang des plus célèbres héros de notre histoire ancienne et moderne, et il n’est pas moins habile politique qu’administrateur intelligent. » Ce jugement que le prince Michel publiait en 1850, c’est-à-dire du vivant même de son père, l’histoire impartiale ne peut que le confirmer. A vrai dire, c’est le programme des tableaux que nous avons encore à retracer. Lorsque le prince Michel parle des fautes que le prince Milosch a commises pendant un règne de vingt-cinq ans, il n’y a rien là qui nous surprenne ; se croire infaillible, même sur un trône d’Orient, serait une prétention sotte que condamnerait la politique aussi bien que le bon goût. Il sied d’être modeste quand on est responsable, et partout de nos jours, proclamée ou non dans une charte, la responsabilité est de droit commun. Quant aux vices que le prince Michel consent à reconnaître chez son père sans croire pour cela manquer de respect à l’illustre vieillard, quant à ces vices plus grands ou plus nombreux qu’un homme n’en a d’ordinaire, j’imagine que le prince Michel n’avait pas exactement pesé la valeur de ses paroles ; il voulait dire sans doute les emportemens d’un génie inculte obligé de recourir