Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 79.djvu/971

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

représenta tous les inconvéniens de cette mesure. C’était lui qui avait convoqué le concile, c’était lui qui lui avait soumis la question de l’institution canonique. La commission du message avait donné son avis ; mais le concile pouvait en adopter un autre. L’empereur s’était rendu à ces raisons. Il autoriserait la congrégation générale à se réunir de nouveau ; il voulait seulement que tout fût décidé avant le dimanche suivant, 14 juillet. Le cardinal avait hasardé quelques objections. « Mais encore, reprit l’empereur, qu’est-ce donc qui déplaît le plus aux évêques dans le décret ? » Le cardinal répondit que c’était la demande qu’il fût converti en loi de l’état. « Si cela les gêne, il n’y a qu’à l’ôter ; aussi bien je le ferai quand je le voudrai loi de l’état. » Heureux de cette concession impériale, l’archevêque de Lyon s’ingénia pour faire entendre à son neveu qu’il n’était peut-être pas sans avoir quelque reproche à se faire à propos de la façon dont il avait voulu rédiger lui-même le décret. L’empereur à ces mots témoigna quelque mauvaise humeur, mais sans éclater. « On sait, dit-il, que la commission veut tenir ferme, et, somme toute, elle a raison. »

Après ce récit de la conversation qu’il avait eue avec l’empereur, Fesch rappela qu’il fallait rédiger le rapport au concile. L’évêque de Tournai, M. Hirn, fut d’un accord unanime désigné pour cette tâche ; mais il refusa. L’évêque de Nantes l’accepta d’abord, puis s’en défendit, l’archevêque de Tours pareillement. Alors le président du concile engagea M. Hirn à vouloir bien s’en charger par déférence pour ses amis de la majorité de la commission. On lui adjoignit M. de Boulogne, évêque de Troyes, parce que M. Hirn écrivait péniblement le français. Il avait été convenu de réduire ce rapport autant que possible. La discussion à laquelle la rédaction donna lieu fut elle-même aussi courte qu’insignifiante. C’était un vrai squelette que cette pièce, assure M. de Broglie, et véritablement aussi indigne de la commission qui l’avait préparée que du concile auquel elle allait être présentée.

La congrégation générale du 10 juillet, la dernière qu’ait tenue le concile de 1811, s’ouvrit comme à l’ordinaire par la lecture des procès-verbaux des séances précédentes. À ce sujet s’engagèrent quelques discussions qui ne furent pas sans importance ni sans aigreur, mais dont l’intérêt pâlit devant la grande question du moment. L’heure était assez avancée déjà quand l’évêque de Tournai donna lecture de son rapport. Comme il était écrit sans élégance et sans vigueur, il ne produisit pas grand effet. L’évêque d’Ivrée en donna pour ses compatriotes une traduction italienne. L’attitude des pères du concile pendant cette double lecture trahissait une certaine hésitation. M. de Broglie, dans le journal qu’il a pris soin